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Nouveau traitement

Cancer du poumon non opérable : les vrais espoirs de l’immunothérapie

Par le Dr Jean-Paul Marre

Une nouvelle immunothérapie triple l’espérance de vie du cancer du poumon localement étendu et résistant au traitement conventionnel. Un espoir pour les malades qui, comme Johnny Hallyday, souffrent d’un cancer du poumon non opérable.

stevanovicigor/epictura

Dans le cancer du poumon non à petites cellules, localement avancé et non opérable, la médiane de survie sans progression est de 16,8 mois sous durvalumab, un anticorps anti-PD-L1, versus 5,6 mois sous placebo, soit plus d’un an de survie en plus, ce qui n’a jamais encore été observé.
Ceci correspond à une réduction du risque de progression de la maladie ou de décès de près de la moitié (HR = 0,52 ; intervalle de confiance à 95%, 0,42 à 0,65). Ce bénéfice est observé indépendamment du stade de la maladie ou du type histologique (adénocarcinome ou carcinome épidermoïde).
Ce sont les résultats d’une analyse de l’étude PACIFIC qui est publiée dans le New England Journal of Medicine.

Une étude sur une nouvelle stratégie

L'étude PACIFIC est un essai contrôlé versus placebo de phase 3, qui a évalué le rôle d’un inhibiteur du PD-L1 dans le cancer du poumon non à petites cellules de stade III localement avancé et non opérable. Les patients concerné avaient une maladie qui n'avait pas encore progressé après avoir reçu au moins deux cycles de chimiothérapie à base de platine en même temps qu’une radiothérapie (« radiochimiothérapie »). Au total, 713 patients ont été tirés au sort pour recevoir pendant 12 mois, soit un anticorps anti-PD-L1, le durvalumab, soit un placebo. 

Un cancer du poumon fréquent

Les cancers du poumon stade III non opérables (où la totalité du cancer ne peut pas être enlevée par la chirurgie) représentent le tiers de tous les malades souffrant de cancer du poumon non à petites cellules. Ce sont des tumeurs primitives localement avancées, soit avec une atteinte médiastinale, soit une atteinte des ganglions lymphatiques du médiastin.
La radiochimiothérapie est la norme de traitement de ce cancer du poumon non à petites cellules de stade III, mais seulement 15% des patients sont encore en vie 5 ans après une radiochimiothérapie, et ce pourcentage reste largement le même malgré plusieurs essais randomisés intégrant différentes options de traitement.

Une bonne tolérance

Dans PACIFIC, des événements indésirables liés au traitement sont observé chez 67,8% des patients du groupe durvalumab, contre 53,4% des patients du groupe placebo. Le taux d'événements indésirables de type immunitaire est de 24,2% avec le durvalumab et de 8,1% avec le placebo. Le traitement a été interrompu en raison d'une pneumonie chez 6,3% des patients qui avaient reçu du durvalumab et 4,3% chez ceux ayant reçu un placebo.
Dans l'ensemble, il existe une légère augmentation des effets indésirables notée dans le groupe durvalumab, mais les taux d'événements indésirables graves liés à l'immunité, dont le risque théoriquement majoré de pneumonie après radiochimiothérapie préalable, ne sont pas significativement plus fréquent dans le groupe durvalumab.

 

Les résultats de l'étude PACIFIC soutiennent donc largement l'intégration d’un inhibiteur du PD-L1 dans la stratégie de traitement du cancer du poumon non à petites cellules avancé et non opérable, y compris après radiochimiothérapie. Cette étude ouvre la voie pour des essais dans les cancers du poumon de stade moins élevés (I à III), opérables, mais avec risque élevé de rechute.