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Maladie psychique

TOC : un mécanisme cérébral en cause ?

Par Mégane Fleury

Un mécanisme cellulaire lié à une zone du cerveau impliquée dans la prise de décision et le contrôle moteur pourrait expliquer pourquoi certaines personnes développent des troubles obsessionnels compulsifs. 

Zinkevych/istock
Les facteurs expliquant l'apparition des TOC sont encore mal connus.
Des chercheurs expliquent qu'ils sont liés à un mécanisme cérébral impliquant deux types de cellules.
Leurs découvertes pourraient permettre de mettre au point de nouveaux traitements.

Des comportements répétitifs, irraisonnés et irrépressibles : les troubles obsessionnels compulsifs sont définis ainsi par l’Inserm. Ils touchent souvent des personnes jeunes. Mais comment expliquer leur apparition ? D’après des chercheurs de l’UCLA, les TOC pourraient être la conséquence d’un "interrupteur cérébral", situé dans le striatum, une zone cérébrale impliquée dans la prise de décision et le contrôle moteur. Ce mécanisme serait lié à deux types de cellules spécifiques : les neurones et les astrocytes. Les travaux de cette équipe sont publiés dans la revue Nature

TOC : deux types de cellules cérébrales sont impliqués 

"Notre recherche a révélé un nouveau mécanisme cellulaire, qui implique non seulement les neurones, ce que nous savions déjà, mais également les astrocytes", explique l'auteur principal de ces travaux, Baljit Khakh, professeur de physiologie et de neurobiologie à la David Geffen School of Medicine à UCLA. Ce sont des cellules présentes dans le système nerveux central et liées aux neurones. Les chercheurs ont isolé, puis observé, les protéines cérébrales à travers les neurones et les astrocytes dans le striatum. Lorsqu'ils ont comparé les protéines trouvées dans les neurones et les astrocytes, ils ont découvert que les deux contenaient une protéine associée aux TOC connue sous le nom de SAPAP3. 

Cerveau de nouvelles thérapies pour soigner les TOC ? 

Dans un second temps, ils ont testé leurs découvertes en réinsérant la protéine SAPAP3 dans des neurones et des astrocytes de souris qui avaient été génétiquement modifiées pour ne pas avoir le gène qui les fabrique. Ils ont découvert que les deux types de cellules interagissaient de manière différente lorsqu'ils mesuraient les effets de la protéine sur la compulsion et l'anxiété, deux des caractéristiques du TOC. "Les souris ne se sont plus toilettées de manière compulsive après que la protéine SAPAP3 a été renvoyée aux astrocytes et aux neurones, ce qui suggère que les deux types de cellules pourraient être des cibles valables pour les traitements visant à freiner la compulsion", expliquent-ils. Mais ils ont remarqué que les deux cellules sont interdépendantes.

Selon eux, cela signifie que les thérapies devraient cibler les astrocytes et les neurones. "Ce sont les deux principaux types de cellules, l’un ne fonctionne pas sans l'autre, ajoute Joselyn Soto, co-autrice de l'étude. Nous voulions vraiment comprendre comment ces interactions multicellulaires au sein de cette région du cerveau donnent lieu à ces comportements complexes, notamment la compulsion et l’anxiété." De futures recherches seront consacrées à la compréhension des interactions entre ces deux types de cellules et pourraient permettre de créer de nouvelles thérapies contre les TOC. Comme le rappelle l’Assurance Maladie, les traitements actuels reposent sur deux éléments : la prise d’antidépresseurs et la psychothérapie.