• CONTACT

QUESTION D'ACTU

Fin de vie

L'expression «mourrir de vieillesse» ne veut rien dire

Une revue internationale remet en question l'idée de "mourir de vieillesse". Autopsies à l'appui, elle démontre que ce sont toujours des maladies spécifiques qui emportent les plus âgés.

L'expression \ Drazen Zigic / istock




L'ESSENTIEL
  • Le vieillissement n'est pas une cause de mort en soi, mais un processus mal compris, selon une étude.
  • Les maladies, spécifiques à chaque espèce, sont les véritables responsables.
  • La recherche sur le vieillissement doit revoir ses méthodes, selon les auteurs.

On entend souvent dire qu'une personne est morte de "vieillesse" ou de "causes naturelles". Pourtant, une récente revue scientifique remet radicalement en cause cette idée. Publiée dans Genomic Psychiatry, la recherche montre que même les centenaires en bonne santé décèdent de maladies bien identifiables, notamment cardiovasculaires. Elle suggère que le vieillissement, loin d'être une cause floue, serait mal compris depuis des décennies.

Des maladies spécifiques à chaque espèce

En analysant plus de 2.400 autopsies, les chercheurs Maryam Keshavarz et Dan Ehninger, du Centre allemand des maladies neurodégénératives (DZNE), ont constaté que la majorité des décès chez les personnes âgées étaient dus à des maladies précises : infarctus (39 %), insuffisance cardiopulmonaire (38 %), accident cardiovasculaire (17,9 %). Même chez les centenaires perçus comme en bonne santé, 68 % sont morts de maladies cardiovasculaires, 25 % d'insuffisance respiratoire. Aucun n'est donc mort de "vieillesse", selon un communiqué. Selon les auteurs, même les médecins et les familles confondent fréquemment les causes de décès avec un simple processus de vieillissement.

Autre enseignement : chaque espèce a son talon d'Achille. Les humains et les singes meurent surtout de maladies cardiovasculaires. Chez les souris et les rats, c'est le cancer qui prédomine, même lorsqu'on utilise des traitements reconnus comme la rapamycine ou le jeûne intermittent. Chez les mouches, la cause principale est l'effondrement de la paroi intestinale ; chez les vers, ce sont des infections du pharynx. Cela remet donc en cause la pertinence des modèles animaux dans la recherche sur le vieillissement humain.

Les "marqueurs du vieillissement" remis en cause

Les chercheurs critiquent également un pilier de la recherche actuelle : les "marqueurs du vieillissement". La plupart des expérimentations se concentrent uniquement sur des animaux âgés, sans inclure les jeunes. Résultat : les interventions semblent améliorer la santé de façon générale, mais sans ralentir véritablement le vieillissement. Par exemple, la rapamycine retarde l'apparition du cancer chez la souris, mais ne change pas la nature de la maladie.

"On risque de construire tout un champ scientifique sur une base bancale si l'on ne distingue pas précisément ce qui améliore la santé en général de ce qui ralentit réellement le vieillissement", concluent les Dre Keshavarz et Dr Ehninger.

Vous aimez cet article ? Abonnez-vous à la newsletter !

LES MALADIES