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QUESTION D'ACTU

Déclin cognitif

Ce mode de vie met le cerveau en danger

Une vaste étude internationale montre que l’isolement accélère le déclin cognitif chez les seniors, même s’ils ne sentent pas seuls au quotidien. Preuve que la prévention de l’Alzheimer passe aussi par les relations sociales.

Ce mode de vie met le cerveau en danger Dmitry Berkut / istock




L'ESSENTIEL
  • Une étude révèle un lien direct entre isolement social et déclin cognitif.
  • L’effet touche tous les profils, même ceux qui n’éprouvent pas de sentiment de solitude.
  • Créer du lien social devient un enjeu de santé publique crucial.

Seul aujourd’hui, vulnérable demain ? Une nouvelle étude publiée dans The Journals of Gerontology révèle un lien de causalité entre isolement social et déclin cognitif chez les personnes âgées. Cette recherche, menée par l'Université de St Andrews (Ecosse), en collaboration avec le Max Planck Institute (Allemagne) et l'Université Emory (Etats-Unis), souligne l'urgence de repenser nos politiques de santé publique autour du lien social.

L’isolement, un facteur bien distinct de la solitude

Contrairement à la solitude, qui est un ressenti subjectif, l’isolement social se mesure objectivement : fréquence des interactions, appartenance à des associations, participation aux événements religieux, etc. Les chercheurs ont analysé 137.653 tests cognitifs réalisés entre 2004 et 2018 par plus de 30.000 personnes aux États-Unis. Verdict : l’isolement social accélère la détérioration cognitive, quels que soient le sexe, l'origine ou le niveau d'éducation. L'étude montre que même sans se sentir seul, être socialement isolé augmente le risque de déclin cognitif.

Avant même la pandémie de Covid-19, environ un quart des personnes de plus de 65 ans se déclaraient socialement isolées, selon l'étude. D’après le plaidoyer des Petits Frères des Pauvres paru en 2021, on estime qu’aujourd’hui en France, deux millions de personnes âgées sont isolées (des deux cercles principaux, famille et amis) et 530.000 personnes âgées sont même en situation de mort sociale, définie par le fait de ne plus avoir du tout de contact avec quatre réseaux (familial, amical, de voisinage et associatif). A titre de comparaison, elles étaient respectivement 900.000 et 300.000 en 2017.

Or, dans les pays riches, la solitude est aujourd'hui considérée comme un enjeu majeur de santé publique. Et pour cause : près de 6,9 millions de personnes souffrent d'Alzheimer aux États-Unis, et environ 1,4 million de personnes en France. Au Royaume-Uni, cela concerne une personne sur onze après 65 ans. L’absence de traitement curatif fait de la prévention un levier essentiel.

Des liens à entretenir pour préserver son cerveau

"Ce que montre cette recherche, c’est que l'engagement social est aussi important pour notre santé cognitive que pour notre santé mentale", explique la Dre Jo Hale, autrice principale, dans un communiqué. Elle ajoute : "Il est urgent de créer les conditions favorables à des interactions sociales régulières, en particulier pour ceux qui n'ont ni famille ni amis à proximité." Face au vieillissement de la population, favoriser l'engagement communautaire apparaît donc comme une nécessité pour ralentir les effets des maladies neurodégénératives.

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