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TDAH : pourquoi les filles sont diagnostiquées beaucoup plus tard que les garçons ?

Les filles atteintes de TDAH sont généralement diagnostiquées plus tardivement que les garçons. Les stéréotypes des enseignants sont au cœur de ce retard de diagnostic.

TDAH : pourquoi les filles sont diagnostiquées beaucoup plus tard que les garçons ? Jacob Wackerhausen/istock




L'ESSENTIEL
  • Les filles atteintes de TDAH sont diagnostiquées plus tard que les garçons.
  • C'est en partie lié au fait que les enseignants identifient moins bien les signes du TDAH chez les filles.
  • Les chercheurs appellent à sensibiliser davantage le grand public aux signes du TDAH féminin.

Plusieurs études scientifiques ont montré que les filles atteintes d’un trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) étaient diagnostiquées plus tard que les garçons. Pour un grand nombre d’entre elles, le nom de la pathologie est prononcé par les médecins qu'à la fin de leur adolescence ou au début de leur vie d'adulte.

Une équipe de Dublin City University a démontré que ce retard de diagnostic est lié au fait que les symptômes des filles ne sont pas associés à ceux du TDAH par les enseignants. L’étude a été publiée dans la revue Disabilities en novembre dernier.

Les filles atteintes de TDAH ne sont pas repérées par les enseignants

Les chercheurs ont organisé des entretiens approfondis avec 13 femmes âgées entre 18 et 35 ans touchées d’un TDAH. Si certaines avaient été diagnostiquées dans l’enfance, la plupart l’avaient été après avoir quitté l’école. En plus de leurs réponses et leurs propos sur leur trouble, ils ont étudié leurs dossiers scolaires. Ils ont aussi évalué l’impact du TDAH sur leur bien-être et leur parcours.

"Un modèle frappant a émergé à travers les interviews : aucune des filles n'a été négligée parce qu'elles étaient invisibles. Au contraire, elles ont été négligées, car ce que les adultes ont remarqué ne correspondait pas au stéréotype du TDAH", explique Vlad Glăveanu, un des auteurs de l’étude, dans un article paru dans The Conversation.

Les professeurs des patientes avaient remarqué et fait remonter des signes connus de TDAH comme  "bavardage", "désorganisation”, "hypersensibilité", "problèmes de concentration" sans que le lien soit fait avec le trouble du neurodéveloppement. "Il semble que les enseignants considéraient un tel comportement comme des traits de personnalité ou comme un comportement typique féminin. Par exemple, une participante nous a dits : J'ai toujours été connue comme bavarde à l'école... Je pensais juste que c'était être une fille, car cela a toujours été un trait de jeune fille."

TDAH chez les filles : un retard de diagnostic qui impacte l’image de soi

L’étude montre que le retard de diagnostic a un impact, non pas sur les notes ou la réussite scolaire, mais sur l’image de soi. "Beaucoup ont intériorisé l'idée que quelque chose n'allait pas chez elles – et plusieurs ont été mal diagnostiquées avec de l'anxiété, de la dépression ou même des troubles de la personnalité avant de finalement recevoir un diagnostic de TDAH à l'âge adulte", écrit le scientifique.

Les chercheurs ont également été surpris par un autre élément. Les participantes diagnostiquées précocement avaient généralement une expérience scolaire plus négative que les autres. La raison ? Leur trouble était mal compris et/ou pas pris en compte par l’équipe enseignante. "Cela met en évidence une nuance importante : le moment du diagnostic est important, mais la compréhension est plus importante".

Mieux sensibiliser aux symptômes de TDAH au féminin

"Nous avons tendance à diagnostiquer ce que nous nous attendons déjà à voir. Lorsqu'une condition est vue à travers un seul stéréotype, ceux qui ne correspondent pas à cette image tombent entre les mailles du filet", remarque Vlad Glăveanu. Or, le TDAH est associé dans l’esprit du grand public à de jeunes garçons incapables de rester sans bouger et qui perturbent les cours. Des signes par ailleurs peu observés chez les jeunes filles touchées par le trouble du neurodéveloppement.

Au-delà de la méconnaissance du TDAH au féminin, les entretiens ont montré que les jeunes filles affichaient des techniques de masquage (dissimuler les signes pour éviter le jugement) et de surcompensation pour ne pas perturber les autres.

"Ces comportements ont été récompensés. Leur capacité à faire face, ou du moins à sembler faire face, a été considérée comme une preuve qu'ils allaient bien. Mais faire face n'est pas la même chose que de prospérer. Le masquage et la surcompensation sont liés à des taux plus élevés d'anxiété, de dépression, d'épuisement professionnel et une qualité de vie plus faible chez les femmes atteintes de TDAH", prévient le chercheur.

Pour améliorer la prise en charge du TDAH chez les jeunes filles, l’équipe propose de sensibiliser les professeurs aux signes non stéréotypés du TDAH (y compris la rêverie, les bavardages…) et aux symptômes internes de détresse (inattention, difficultés à gérer les émotions, épuisement mental…), plus fréquents chez les filles. Elle souligne aussi l’importance de proposer des aménagements adaptés à leurs troubles (pauses, mentorat…).

"Les filles atteintes de TDAH n'ont pas besoin d'être plus bruyantes pour être reconnues. Elles ont besoin d'un système scolaire qui sait ce qu'il faut rechercher", conclut l’auteur.

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