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Sentir cette odeur désagréable offrirait une protection contre Alzheimer

Le sulfure d'hydrogène, un gaz à l'odeur d'œuf pourri, exerce une action neuroprotectrice dans la maladie d'Alzheimer, en inhibant l’activité du glycogène synthase β, protéine clé impliquée dans la formation des agrégats de Tau.

Sentir cette odeur désagréable offrirait une protection contre Alzheimer LightFieldStudios/iStock




L'ESSENTIEL
  • Le sulfure d'hydrogène est un gaz dégageant une odeur d'œuf pourri, qui est produit naturellement en faibles quantités par le corps.
  • Chez les souris atteintes d'une forme simulée de la maladie d'Alzheimer, une injection de NaGYY, un composé transportant du sulfure d'hydrogène, favorise une meilleure mémoire et l’activité physique.
  • En présence de concentrations normales de sulfure d'hydrogène, la glycogène synthase β n’est pas attirée par la protéine cérébrale Tau, qui est modifiée en cas de maladie d’Alzheimer.

La maladie d'Alzheimer est la principale cause de démence chez les personnes âgées. "Bien qu'un dérèglement du métabolisme du sulfure d'hydrogène ait été signalé dans la pathologie et que l’administration de sulfure d'hydrogène soit bénéfique, les mécanismes moléculaires sous-jacents à ses effets neuroprotecteurs sont largement méconnus", ont écrit des chercheurs de l'université Johns Hopkins (États-Unis) dans une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Science. Pour rappel, le corps humain produit naturellement de faibles quantités de sulfure d'hydrogène, un gaz dégageant une odeur d'œuf pourri, pour réguler ses fonctions, du métabolisme cellulaire à la dilatation des vaisseaux sanguins.

Alzheimer : le sulfure d'hydrogène améliore les fonctions motrices et cognitives chez les souris

Dans le cadre de cette recherche, l’équipe a mené une expérience auprès de souris génétiquement modifiées pour reproduire la maladie d'Alzheimer humaine. Les rongeurs ont reçu une injection de NaGYY, un composé transportant du sulfure d'hydrogène, mis au point par des scientifiques de l'Université d'Exeter (Royaume-Uni). Ce composé libère lentement les molécules de sulfure d'hydrogène qui se propagent dans tout l'organisme. Les auteurs ont ensuite suivi les animaux pendant 12 semaines afin d'évaluer les changements de mémoire et de motricité. Les tests ont montré que le sulfure d'hydrogène améliorait les fonctions cognitives et motrices de 50 % par rapport aux souris n'ayant pas reçu d'injections de NaGYY. Les rongeurs traités se souvenaient mieux de l'emplacement des sorties des plateformes et semblaient plus actives physiquement que les souris non traitées, atteintes d'une forme simulée de la maladie d'Alzheimer.

La présence du gaz empêche GSK3β de s’attacher à la protéine cérébrale Tau

Lors d’une analyse plus poussée, l’équipe a effectué des expériences biochimiques qui ont révélé une modification de l'activité d'une enzyme appelée glycogène synthase β (GSK3β). En présence de concentrations normales de sulfure d'hydrogène, la GSK3β agit généralement comme une molécule de signalisation, ajoutant des marqueurs chimiques à d'autres protéines et modifiant ainsi leur fonction. Cependant, les scientifiques ont observé qu'en l'absence de sulfure d'hydrogène, la GSK3β est fortement attirée par une autre protéine cérébrale appelée Tau, qui est modifiée chez les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer.

"Lorsque la GSK3β interagit avec la protéine Tau, celle-ci se transforme et s'agrège à l'intérieur des cellules nerveuses. À mesure que ces agrégats de Tau grossissent, les protéines enchevêtrées bloquent la communication entre les neurones, entraînant à terme leur mort. Ce processus conduit à la détérioration et à la perte progressive des fonctions cognitives, de la mémoire et motrices, caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. (…) Comprendre cette cascade d'événements est essentiel pour concevoir des thérapies capables de bloquer cette interaction, à l'instar du sulfure d'hydrogène", ont expliqué les auteurs qui espèrent que ces résultats vont ouvrir la voie au développement de nouveaux médicaments pour lutter contre les maladies neurodégénératives.

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