- Une protéine supprime des molécules, nécessaires au système immunitaire en cas d'immunothérapie du cancer.
- Utilisée comme biomarqueur, elle permet d'identifier les tumeurs résistantes à ce traitement.
- Mais c'est aussi une cible thérapeutique : bloquer son action augmente l'efficacité de l'immunothérapie.
Stimuler le système immunitaire pour qu’il combatte le cancer. C’est le principe de l’immunothérapie, un traitement désormais répandu en oncologie. Mais il n’est pas efficace chez tous les patients. Dans Journal of Clinical Investigation, des chercheurs de Northwestern Medicine, aux États-Unis, expliquent avoir identifié l’un des mécanismes de résistance à l’immunothérapie : une protéine, pouvant servir de biomarqueur.
Cancer : comprendre la résistance à l'immunothérapie
Ces scientifiques se sont intéressés à un type spécifique d’immunothérapie : le blocage des points de contrôle immunitaire. "Ce blocage empêche ces protéines 'd'inhiber' les lymphocytes T, permettant ainsi aux lymphocytes T cytotoxiques d'attaquer les cellules cancéreuses, précisent-ils. Bien que ce traitement ait transformé la prise en charge standard du cancer, son efficacité n'a été démontrée que chez un petit nombre de patients."
D’autres études ont montré qu’il existe une résistance au blocage de ces points de contrôle liée à la "diminution de l'expression des molécules MHC-I dans les cellules cancéreuses". Selon les auteurs, dans des conditions normales, ces molécules présentent des néoantigènes, une forme de protéine présente à la surface des cellules cancéreuses, aux cellules immunitaires. Mais le mécanisme demeure mal compris. "C’est crucial, car si nous savons comment restaurer la présentation des néoantigènes médiée par le CMH-I, nous pouvons la cibler, inverser ce processus et déclencher la réponse immunitaire", estime le professeur Deyu Fang, auteur principal de cette étude.
Une protéine impliquée dans la résistance du système immunitaire
Pour mieux le comprendre, ils ont analysé les résultats de biopsies, réalisées chez des patients atteints d’un cancer du poumon. Cela leur a permis de découvrir qu’une protéine, appelée USP22, contribue à la résistance aux immunothérapies par blocage des points de contrôle immunitaire. "Plus précisément, l’USP22 supprime les molécules du CMH-I et inhibe leur capacité à présenter les néoantigènes aux lymphocytes T CD8 pour initier une réponse immunitaire", développent-ils.
Résistance à l’immunothérapie : un biomarqueur utilisé en cible thérapeutique
Ils ont testé leur découverte sur des modèles animaux de cancers du poumon, du sein et du côlon. Leur expérience montre que l’inhibition de l’USP22 augmente les réponses immunitaires chez les souris en augmentant l’expression du CMH-I dans les tumeurs. "En conséquence, la résistance au blocage des points de contrôle immunitaire a été surmontée, entraînant une régression tumorale complète", conclut le Pr Fang.
Pour l’auteur et son équipe, ces résultats suggèrent que l'USP22 pourrait devenir un biomarqueur pour le diagnostic des tumeurs résistantes à l’immunothérapie, et une cible thérapeutique. "La quasi-totalité des tumeurs résistantes aux immunothérapies par inhibiteurs de points de contrôle immunitaire présentent des niveaux d'USP22 extrêmement élevés, explique ce spécialiste. À l'avenir, je pense qu'en inhibant l'USP22, nous pourrons permettre à la majorité des patients résistants aux traitements de répondre à l'immunothérapie antitumorale."



