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Dépression : l'activité physique diminue vraiment le risque

Par Virginie Galle

Jusqu'ici, les chercheurs n’arrivaient pas à savoir si l'activité physique réduisait réellement le risque de dépression, ou si c’était la dépression qui entraînait une réduction de l'activité physique.

lzf / istock.

C’est désormais génétiquement prouvé : l’activité physique réduit le risque de dépression, selon une nouvelle étude parue dans le JAMA Psychiatry. Lorsqu’une personne traverse une dépression, son corps se met à fonctionner au ralenti. Certains malades ont alors de réelles difficultés à se mouvoir, donc à pratiquer une activité physique. De ce fait, les chercheurs n’arrivaient pas à savoir jusqu’ici si l'activité physique réduisait réellement le risque de dépression, ou si c’était la dépression qui entraînait une réduction de l'activité physique.

Investir dans des stratégies préventives

Grâce à l’équipe de Karmel Choide, de l'Unité de génétique, psychiatrie et neurodéveloppement du Massachusetts General Hospital, il semblerait que la première réponse soit la bonne. "À l'aide de données génétiques, nous avons fourni les preuves que des niveaux plus élevés d'activité physique peuvent réduire le risque de dépression", décrit le chercheur. "Le savoir est important, parce que nous voulons investir dans des stratégies préventives qui fonctionnent vraiment" contre cette maladie mentale, ajoute-t-il.

Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont utilisé une méthode appelée "randomisation mendélienne". Cette technique utilise des marqueurs génétiques afin de réduire les risques de biais, dans le but d’estimer la relation causale entre un facteur de risque et une maladie, soit plus simplement de résoudre l'énigme de l'œuf et la poule. Développée depuis 2003, la randomisation mendélienne s’est imposée comme un outil de recherche important en épidémiologie, permettant d’explorer de nombreuses associations complexes, notamment lorsque des essais randomisés contrôlés sont indisponibles*. 

Des bracelets portés au poignet par plus de 91 000 personnes

Les données de base ont été recueillies de deux façons différentes. La première s’est fondée sur les activités physiques auto-déclarées de 377 000 participants, tandis que la seconde a recensé les mouvements grâce à des bracelets portés au poignet par plus de 91 000 personnes.

"N'importe quelle activité semble être mieux que rien", poursuit Karmel Choide. "Nos calculs approximatifs suggèrent que le remplacement de la position assise par 15 minutes d'une activité cardiaque comme la course à pied, ou par une heure d'activité modérée telle que la marche, est suffisant pour diminuer le risque de dépression", conclut-il. Ces nouvelles données peuvent s’avérer particulièrement utiles pour les personnes génétiquement prédisposées à faire des dépressions par exemple, ou pour celles qui évoluent dans des environnements stressants, connus pour être un facteur de risque.

La prévalence de la dépression dans l'Hexagone a augmenté

La dépression est la maladie psychiatrique la plus fréquente et touche tous les âges. En France, on estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie. La prévalence de la dépression dans l'Hexagone a augmenté de 1,8 points entre 2010 et 2017, selon un récent rapport de Santé Publique France, notamment chez les femmes (+3 points), les 35-44 ans (+4 points), les chômeurs (+5 points) et les personnes à faibles revenus (+3 points).

* source : Iumsp (Institut universitaire de médecine sociale et préventive)