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Dépression

Cancer de la tête et du cou : attention les survivants peuvent se suicider

Par Dr Philippe Montereau

Le risque suicidaire des survivants à un cancer de la tête ou du cou est deux fois plus élevé que chez les autres ex-malades. Voici pourquoi.

Vonschonertagen / iStock

Le risque suicidaire des survivants à un cancer de la tête ou du cou est deux fois plus élevé que chez les autres ex-malades, soit quatre fois plus élevé que dans la population générale. Ces résultats ont été publiés dans le dernier numéro du Journal of Cancer.

"Ce problème de suicide est plus grave que beaucoup ne le pensent. Dans l'ensemble de la population américaine, le suicide est déjà la dixième cause de décès. Savoir qu'il pourrait s'agir d'un problème encore plus grave chez les survivants du cancer est stupéfiant," s’exclame M. Osazuwa-Peters, directeur de l’étude.

Handicapés à la fin du traitement

Environ la moitié des survivants du cancer de la tête et du cou restent handicapés à la fin du traitement, et sont incapables de retourner au travail. Cette situation engendre des difficultés financières. Par ailleurs, l’image corporelle est souvent dramatiquement atteinte, et les douleurs post-pathologiques sont importantes. Bref, largement de quoi développer des états dépressifs.

 "Le surveillance à long terme de ces patients est essentielle. Ce n’est pas parce qu’on a vaincu un cancer que l’on va forcément bien", ajoute Osazuwa-Peters.

L'étude a porté sur des patients âgés de plus de 20 ans, qui ont présenté une première tumeur maligne à la tête ou au cou. Cela comprenait les carcinomes épidermoïdes de la cavité buccale, du pharynx, du larynx, de la cavité nasale et des sinus. Les patients atteints d'un cancer de la thyroïde ont été exclus parce que, bien que la thyroïde se trouve dans la région de la tête et du cou, le cancer de la thyroïde est un cancer endocrinien.

Etude sur plus de 4 millions

Le taux de suicide chez les patients atteints d'un cancer de la tête et du cou a été comparé à celui des patients chez qui on a diagnostiqué pratiquement toutes les autres formes de cancer, dont par exemple un cancer de la prostate, du sein, des poumons, du côlon, de la vessie ou de la peau.

Les auteurs de l'étude ont examiné les données médicales de 4 219 097 survivants, dont 151 167 avaient eu un cancer de la tête ou du cou. Entre 2000 et 2014, le taux de suicide chez ces derniers était de 63,4 suicides pour 100 000 habitants. Seuls les survivants du cancer du pancréas avaient un taux de suicide plus élevé que les survivants du cancer de la tête et du cou, soit 86,4 suicides pour 100 000 personnes.

Quatre profils psychologiques d’ex-malades

En France, 73% des anciens malades récemment interrogés par l’Observatoire sociétal des cancers considèrent que leur cancer a été "l’un des évènements les plus marquants de leur vie". 13% estiment que "le cancer a détruit ma vie", 26% que "le cancer m’a forcé à prendre un nouveau départ" et 19% que "le cancer m’a permis de prendre un nouveau départ".

Ainsi, quatre profils psychologiques d’ex-malades émergent : les personnes qui n’ont pas encore réussi à "tourner la page" ; les personnes qui mesurent mal ce qui leur est arrivé ; les personnes qui veulent retrouver leur vie d’avant et les personnes qui veulent aller de l’avant. 

Dans le monde, le pourcentage de personnes toujours en vie cinq ans après un cancer ne cesse d'augmenter. Raison de plus pour mieux les accompagner et les soutenir !

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