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Cocktail dangereux

Alimentation : 6 résidus de pesticides sur 10 sont des perturbateurs endocriniens

Par Charlotte Arce

Dans un rapport inquiétant publié ce mardi 4 septembre, l’ONG Générations Futures affirme que plus de 6 résidus de pesticides sur 10 retrouvés dans l’alimentation européenne sont potentiellement des perturbateurs endocriniens.

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À moins de ne consommer que des aliments bio, il y a fort à parier que nous ingurgitons sans le savoir à chaque repas d’infimes quantités de pesticides. Or, ces résidus ne sont pas sans danger pour notre santé.

C’est l’inquiétant constat émis par l’ONG Générations futures qui publie, ce mardi 4 septembre, un rapport dans lequel elle affirme que 6 résidus sur 10 retrouvés dans les aliments consommés en Europe sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens.

Une compilation minutieuse de données

Pour parvenir à cette alarmante conclusion, l’ONG a épluché le dernier rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Publié en juillet 2018 et portant sur l’année 2016, il concluait que 96,2% des échantillons d’aliments testés par les États membres de l’Union européenne se trouvaient dans les limites légales et que 51% étaient même exempts de tout résidu quantifiable. Mais qu’en est-il des 49% d’échantillons restants ? Générations futures les a analysés et en tire un résultat autrement plus alarmant que celui de l’Efsa, qui déclare que les risques liés à ces résidus sont considérés comme "faibles".

En effet, en comparant les résidus de pesticides avec la liste de perturbateurs endocriniens suspectés établis par TEDX et listant 1 457 molécules ou familles de molécules, Générations Futures a établi un nouveau calcul. Pour l’ONG, parmi 350 molécules retrouvées dans les échantillons d’aliments par l’Efsa, au moins 157 ont fait l’objet d’au moins une publication scientifique mettant en évidence des effets de perturbation endocrinienne. L’association affirme par ailleurs que ces 157 molécules sont à l’origine de 69 433 résidus quantifiés sur les 109 843 relevés dans le rapport de l’Efsa. Soit 63,21 % du total.

Le danger des "effets cocktail"

Pour Générations Futures, il est désormais urgent d’agir et de revoir la réglementation européenne en matière de sécurité de l’alimentation. Car les perturbateurs endocriniens sont loin d’être inoffensifs pour notre santé. Ces substances chimiques étrangères à l’organisme et qui agissent sur notre système hormonal sont en effet susceptibles d’avoir des effets indésirables sur notre santé. Ils sont entre autres suspectés d’affecter la croissance et le développement du fœtus, mais aussi le comportement, le sommeil, la circulation sanguine ou encore la fonction sexuelle et reproductive. Selon l’OMS, ils favorisent également les pubertés précoces, les cancers, les diabètes, l’obésité et les problèmes cardiovasculaires.

D’où l’urgence de légiférer au niveau européen. Cité par Le Monde, le porte-parole de Générations futures François Veillerette, "les voies de l’alimentation doivent absolument être considérées par les autorités" et ce, même si les doses retrouvées par ces pesticides dans l’alimentation respectent les normes qui sont aujourd’hui fixées.

Le risque, insiste Générations futures, est d’autant plus grand qu’"avec les perturbateurs endocriniens, ce n’est pas la dose qui fait le poison mais la période d’exposition". Les nourrissons, les enfants à naître, les adolescents ou encore les personnes âgées seraient ainsi particulièrement vulnérables à l’exposition aux perturbateurs endocriniens et à leurs "effets cocktail", déjà soulignés dans un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) datant de décembre 2017 et qui est cité par Le Monde. Il expliquait notamment que "les recherches de ces dernières années confirment la dissociation entre la dose et l’effet des perturbateurs endocriniens, cumulée avec les effets dits 'cocktail', et remettent en question les raisonnements classiques de la toxicologie".