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Journée mondiale

Suicide : qui sont les personnes exposées

Par Anne-Laure Lebrun

Chaque année, 200 000 tentatives de suicide et 11 000 décès sont recensés. Près de 90 % des victimes souffrent de maladies psychiatriques. 

fahrner/epictura

Les chiffres font froid dans le dos. Toutes les 4 minutes, un Français tente de mettre fin à sa vie, et toutes les 40 minutes un décès par suicide est rapporté. Ainsi chaque année en France, 200 000 personnes font une tentative de suicide et 11 000 en meurent. Il s’agit de la 2e cause de décès chez les 15-44 ans dans notre pays. Prévenir ces tragédies est une priorité de santé publique, rappelle l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à l’occasion de la journée mondiale de prévention du suicide qui se tient ce dimanche 10 septembre.

Une prévention qui passe nécessairement par l’identification des personnes à haut risque suicidaire. Il est aujourd’hui bien établi que la grande majorité des personnes qui attentent à leur vie souffrent de troubles de la santé mentale. La schizophrénie, les troubles bipolaires et la dépression sont les maladies psychiatriques les plus associées au risque suicidaire. Des études ont également mis au jour des gènes de prédisposition aux conduites suicidaires.


Vulnérabilité suicidaire

Reste que la présence de troubles psychiatriques ou de gènes de prédisposition n’explique qu’en partie le passage à l’acte. De fait, tous les patients dépressifs ou schizophrènes ne vont pas tenter de se suicider. Cette vulnérabilité suicidaire s’exprimerait chez certains patients lorsqu’il sont exposés à un stress important (perte d’un proche, rupture familiale, problèmes professionnels…). Le sentiment d’isolement et de rejet seraient aussi des facteurs déclencheurs.
« Les taux de suicides sont également élevés dans les groupes vulnérables confrontés à la discrimination, tels que les réfugiés et les migrants, les populations autochtones, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexuées (LGBTI), et les prisonniers », ajoute l’OMS.

De même, les douleurs physiques et les affections somatiques semblent favoriser le passage à l’acte. Une étude parue dans American Journal of Preventive Medicine en juin 2017 a montré que les troubles du sommeil et le VIH doublent le risque de passage à l’acte, tandis que que les traumatismes crâniens le multiplient par neuf.

Desceller les comportements suicidaires

Mais « le risque de suicide le plus important est de loin une précédente tentative de suicide », soulève l’OMS. Aussi, savoir détecter les personnes qui ont déjà tenté de s’ôter la vie constitue-t-il une première étape dans la prévention du suicide.

Or aujourd’hui la grande majorité des personnes qui sont rongés par des idées suicidaires ou qui ont déjà fait une tentative de suicide ne sons pas suivis par un médecin généraliste, et encore moins un psychiatre. Former les praticiens à détecter les patients qui pourraient être à haut risque de suicide permettrait d’éviter des centaines de drames, assure tous les experts, ajoutant que ce repérage doit s’accompagner d’une prise en charge médicamenteuse et psychologique adapté.