- Des chercheurs ont mis au point une méthode expérimentale pour renforcer temporairement le système immunitaire affaibli par l’âge.
- En reprogrammant des cellules du foie, ils ont stimulé la production et l’efficacité des lymphocytes T chez des souris.
- Cette approche a amélioré la réponse à la vaccination et à l’immunothérapie.
Et si l’on pouvait remonter le temps ? C’est en quelque sorte ce que proposent des chercheurs du MIT et du Broad Institute, centres de technologie et de recherche situés aux États-Unis. Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature, ils expliquent avoir trouvé le moyen de rajeunir le système immunitaire.
Avec les années, le système immunitaire s’affaiblit et devient moins efficace, selon le Manuel MSD. Ce phénomène est notamment dû à la diminution du nombre de globules blancs, dont les lymphocytes T, qui ont aussi plus de mal à réagir rapidement aux agents pathogènes. Le vieillissement de la fonction immunitaire rend les personnes âgées plus sensibles aux infections et aux cancers. "Avec l'âge, le système immunitaire commence à décliner, explique Mirco J. Friedrich, l’un des auteurs, à Scitechdaily. Nous voulions réfléchir à la manière de maintenir la protection immunitaire plus longtemps, et c'est ce qui nous a amenés à nous interroger sur les moyens de stimuler l'immunité.”
En quatre semaines, la fonction immunitaire est restaurée
Lors de leurs travaux, les scientifiques ont identifié trois facteurs immunitaires - DLL1, FLT-3 et IL-7 - importants pour la maturation des lymphocytes T. Ils les ont ensuite codés dans des séquences d'ARN messager (ARNm), programmées pour cibler les cellules du foie, et ont encapsulé le tout dans des nanoparticules. Le produit était ensuite administré par voie intraveineuse. En laboratoire, ils l’ont testé sur des souris âgées de 18 mois, soit environ 50 ans chez l’Homme. Pendant quatre semaines, les rongeurs ont reçu plusieurs injections au terme desquelles les chercheurs ont observé deux phénomènes : une reprogrammation des cellules du foie, qui ont elles-mêmes stimulé la production, la taille et l’efficacité des lymphocytes T. Autrement dit, la fonction immunitaire des souris avait été restaurée.
Le système immunitaire rajeuni améliore l’efficacité de la vaccination
Ensuite, les scientifiques ont voulu mesurer l’impact de leur produit sur la vaccination et l’immunothérapie. Ce traitement contre le cancer active le système immunitaire du patient pour qu’il puisse, lui aussi, s’attaquer aux cellules cancéreuses, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Ils ont ainsi découvert que les souris ayant bénéficié des nanoparticules d'ARNm semblaient tirer un meilleur profit de la vaccination et, pour celles atteintes de cancers, de l’immunothérapie. Ces dernières avaient un taux de survie et une durée de vie plus élevés que celles des témoins n’ayant pas reçu le produit. Enfin, qu’il s’agisse de la vaccination ou de l’immunothérapie, les rongeurs avaient tous plus de lymphocytes T après l’administration des nanoparticules d’ARNm. "Si nous parvenons à restaurer un élément essentiel comme le système immunitaire, nous pourrons, espérons-le, aider les gens à vivre plus longtemps en bonne santé”, explique Feng Zhang, autre auteur.


