- La chaleur humide extrême représente une menace bien plus grave pour la santé prénatale qu’on ne le pensait.
- Une exposition in utero peut entraîner des retards de croissance importants chez les enfants.
- Les périodes les plus critiques se situent en début (pour le fœtus) et en fin de grossesse (pour la mère).
A l’heure du dérèglement climatique, des vagues de chaleur de plus en plus intenses frappent la planète. Mais derrière ces températures suffocantes, une combinaison encore plus redoutable agit en silence : la chaleur couplée à l’humidité. Et, selon une nouvelle étude américaine publiée dans la revue Science Advances, cette combinaison pourrait avoir des effets bien plus graves qu’on ne le pensait, notamment pour les femmes enceintes et leurs enfants à naître.
L’humidité aggrave les effets de la chaleur
On savait déjà que la chaleur extrême représente un risque pour la santé. Mais les chercheurs de l’Université de Californie à Santa Barbara ont démontré que l’humidité amplifie considérablement ces effets, notamment en empêchant le corps – et en particulier celui des femmes enceintes – de se refroidir par la transpiration. "Quand l’évaporation ne peut pas se produire, le refroidissement ne peut pas non plus avoir lieu. Toute cette chaleur s’accumule dans le corps, provoquant un stress thermique", explique Katie McMahon, autrice principale de l’étude, dans un communiqué.
Pour mesurer cet impact, les chercheurs ont utilisé l’indice WBGT (Wet-Bulb Globe Temperature), un indicateur qui intègre la température, l’humidité, le rayonnement solaire et le vent. Ils ont comparé cet indice à des données de santé infantile collectées dans le cadre des Demographic and Health Surveys en Asie du Sud. Résultat : l’exposition prénatale à une chaleur humide extrême multiplie par quatre les effets négatifs sur la croissance des enfants, par rapport à une exposition à la chaleur seule.
Un impact dès les premières semaines de grossesse
Les chercheurs ont observé que les périodes les plus critiques se situent en début et en fin de grossesse. "Au début, le fœtus est très vulnérable. À la fin, c’est la mère qui l’est davantage", précise McMahon. L’exposition au stress thermique peut ainsi provoquer des naissances prématurées ou un retard de croissance irréversible chez l’enfant. Il apparaît, par exemple, qu’une augmentation d’un écart-type de l’exposition à la chaleur et à l’humidité peut réduire de 13 % la taille attendue d’un enfant par rapport à son âge.
Pire encore : une femme peut subir ces effets sans même savoir qu’elle est enceinte. Comme le rappelle Chris Funk, directeur du Climate Hazards Center : "On traite souvent les femmes en fin de grossesse avec précaution, mais presque personne ne mesure les risques liés au premier trimestre. Moi-même, je l’ignorais avant cette étude."


