- Aider régulièrement les autres ralentirait le déclin cognitif chez les plus de 50 ans.
- Deux à quatre heures par semaine suffisent pour en ressentir les effets.
- Et ce bénéfice est aussi fort avec l’entraide informelle qu’avec le bénévolat.
Et si la meilleure façon de garder l’esprit vif en vieillissant était… un peu de don de soi ? Une nouvelle étude publiée dans Social Science & Medicine révèle qu’offrir un peu de son temps pour aider son entourage pourrait ralentir le déclin de nos capacités cognitives associé à l’âge. Aux Etats-Unis, des chercheurs des universités du Texas à Austin et du Massachusetts à Boston ont suivi plus de 30.000 adultes américains pendant deux décennies. Et leur conclusion est claire : les personnes qui s’engagent régulièrement dans des actes d’aide, formels ou informels, montrent un déclin cognitif ralenti de 15 à 20 %.
Deux à quatre heures par semaine pour un cerveau en forme
Qu’il s’agisse de bénévolat ou de coups de main spontanés (aider un voisin à faire ses courses, garder les enfants d’une amie, accompagner un proche à un rendez-vous médical...), tous ces gestes comptent. Le professeur Sae Hwang Han, auteur principal de l’étude, souligne dans un communiqué : "Le plus marquant, c’est que les bienfaits cognitifs de l’aide aux autres ne sont pas de simples effets à court terme, mais s’accumulent avec le temps". Le seuil optimal serait de deux à quatre heures d’aide hebdomadaire, formelle ou informelle.
Près d’un tiers des Américains de plus de 50 ans s’impliquent dans des activités de bénévolat, et plus de la moitié rendent régulièrement service à leur entourage de manière informelle, selon l’étude. En France, 34 % des personnes assurent "donner du temps, gratuitement, pour les autres ou pour une cause", selon le baromètre réalisé par l'Ifop pour France Bénévolat publié en avril 2025. Et, contrairement aux idées reçues, ces deux types d'activités d'entraide - bénévolat ou aide informelle - génèrent les mêmes bienfaits cognitifs. "Il est parfois supposé que l’aide informelle a moins d’impact sur la santé en raison de son manque de reconnaissance sociale, explique le Pr Han. Mais c’est tout le contraire que nous avons observé."
Moins de stress chronique et d’inflammation, responsables du déclin cognitif
Sans surprise, "notre étude montre que cesser totalement d’aider les autres est associé à une fonction cognitive plus faible" en vieillissant. Comment expliquer cet effet du don de soi sur la neurodégénérescence ? Les travaux montrent qu’au-delà de la stimulation mentale et sociale, qui est un atout pour le bon fonctionnement du cerveau, l’aide aux autres réduit les effets du stress chronique sur l’inflammation, une des causes biologiques du déclin cognitif.
En s’appuyant sur les données de la Health and Retirement Study, un suivi national démarré en 1998, les chercheurs ont tenu compte de nombreux autres facteurs : santé mentale et physique, niveau d’éducation, de revenus… Mais même après ajustements, les résultats restent probants : bénévolat ou coups de main sont un remède simple contre le déclin cognitif. "Beaucoup de personnes âgées en santé fragile continuent de contribuer à leur entourage. Ce sont justement celles qui en bénéficieraient le plus", conclut le Pr Han.


