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Maladie de Lyme : une infection bactérienne difficile à diagnostiquer

Maladie de Lyme : une infection bactérienne difficile à diagnostiquer

Maladie de Lyme : une infection bactérienne difficile à diagnostiquer
gabort71 / iStock
Publié le 07.05.2021
Mise à jour 28.02.2024

Maladie de Lyme : TRAITEMENT

Que faire en cas de morsure par une tique ?

Toutes les tiques ne sont pas porteuses de maladie (une tique sur 3 est infectée en France). Mieux vaut cependant les retirer au plus vite pour éviter tout risque d’infection. La tique a tendance à s’accrocher à la peau, et si l’on n’y prend garde, il est possible d’arracher le corps de la tique et de laisser la tête qui est infectée sur la peau. Or, l'élimination des tiques dans un délai de 24 à 36 heures prévient habituellement l'infection.

Deux méthodes sont couramment utilisées pour retirer la tique avec sa tête : la première est d’utiliser un tire-tique, une sorte d'hameçon qui permet d'attraper directement la tête de la tique, au ras de la peau. La deuxième méthode est de se servir d'une pince à épiler pour attraper la tête le plus près possible de la peau et de retirer ensuite la tique entière (il ne faut surtout pas serrer et presser l'abdomen car cela risquerait de favoriser l'excrétion de bactéries). Il faut ensuite nettoyer le site de la morsure avec de l'eau et du savon ou de l'alcool ou du désinfectant. Si la tête de la tique se sépare et reste dans la peau, il faut essayer de la retirer à l'aide des pinces.

Lorsque c'est possible, il faut mettre la tique qui a été retirée dans un sac en plastique étanche et noter dessus la date de la morsure. Si des signes qui peuvent évoquer la maladie de Lyme se développent dans les semaines qui suivent la morsure, il faut consulter un médecin en lui apportant la tique car cela pourrait l’aider à diagnostiquer la maladie. Plus le diagnostic est rapide, plus le traitement est précoce, et plus le rétablissement complet est assuré.

Quand faut-il consulter après une morsure de tique ?

Toutes les tiques ne sont pas porteuses de maladie, mais certains signes sont très évocateurs d'une infection et certains terrains exposent à plus de complications en cas de maladie de Lyme.

Il faut donc consulter :
• Si une plaque rouge se développe autour d'une piqûre ancienne et s’étend (dans les 15 jours en moyenne).
• Si la tique est restée implantée plus de 36 heures. 
• En cas de piqûres multiples.
• En cas de grossesse, il faut consulter un médecin car, du fait des risques d’infection pour le fœtus, toute morsure de tique fait réaliser une surveillance (le traitement antibiotique préventif n'est plus systématique).
• Chez l’enfant de moins de 8 ans.
• En cas d’immunodépression (traitement immunosuppresseur, VIH...).

Après examen, le médecin traitant pourra prescrire, si nécessaire, un traitement antibiotique par voie orale.

Quel est le traitement de la maladie de Lyme ?

Les recommandations françaises sont cohérentes aux recommandations des pays voisins. Le traitement antibiotique proposé est désormais recommandé à des doses plus élevées et pour des durées plus prolongées qu’antérieurement (3 semaines), afin d’éviter le plus possible un échec lié à un sous-traitement.
Au stade de début, la maladie de Lyme se soigne à l'aide d'un traitement antibiotique assez banal (amoxicilline 1 g x 3 par jour, ou doxycycline 100 mg x 2 par jour, ou azithromycine 1 g le 1er jour, puis 500 mg par jour), pendant trois semaines.
Selon les signes et le moment du diagnostic par rapport à l’infection, le traitement antibiotique pourra cependant être plus fort (antibiotiques injectables type ceftriaxone) et plus prolongé (quatre semaines).
Les symptômes de la maladie de Lyme peuvent prendre des mois ou des années pour disparaître, même après un traitement antibiotique bien conduit, et ce pour plusieurs raisons : autres diagnostics d'infections que le Lyme ou co-infections avec le Lyme, réinfection avec Borrelia burgdorferi, échec du traitement antibiotique (l'amoxicilline doit être administrée en 3 prises par jour du fait de la demi-vie courte de cette molécule), réaction immunitaire post-infection et lésions séquellaires à la maladie de Lyme dans différents organes.
Une deuxième cure d’antibiotique peut être envisagée si la persistance des symptômes fait suspecter un échec au premier traitement. La maladie de Lyme chronique et le traitement prolongé ne sont pas reconnus.

Que faire si l’on continue à être malade après le traitement ?

• Certaines personnes peuvent continuer à éprouver des douleurs plus de six mois après le traitement antibiotique, mais cela n’a pas d’incidence si cela a tendance à s’améliorer.

Dans les mois ou les années qui suivent une morsure de tique, certaines personnes se plaignent de signes cliniques très polymorphes mais très invalidants (fatigue, douleurs diffuses et chroniques avec ou sans sensations bizarres = paresthésies). Il est alors fréquent d’évoquer une "maladie de Lyme chronique", bien que dans un certain nombre de cas, il ne soit pas possible de faire la preuve de cette borréliose, ni par sérologie bactérienne, ni par culture, ni par PCR.
Quelques-unes de ces personnes semblent définitivement ou momentanément améliorées par des traitements antibiotiques mis en place de façon un peu « expérimentales », sans toutefois que le niveau de preuve ne permettre de conclure à une infection évolutive.
Les médecins préfèrent parler de "syndrome post-traitement de la maladie de Lyme (SPTML)" car il n'y a pas de réelle preuve d'une infection persistante. Par contre, une inflammation chronique de l'ensemble du cerveau a pu récemment être mise en évidence par une nouvelle technique de scanner qui visualise mieux le système immunitaire du cerveau, les cellules gliales. Ces résultats suggèrent que les médicaments conçus pour freiner la neuroinflammation (et non pas l'infection) pourraient être en mesure de soigner le SPTML, bien que des essais cliniques soient d'abord nécessaires pour déterminer l'innocuité et les avantages d'un tel traitement.

Le problème est que les tiques peuvent, en théorie, transmettre simultanément plusieurs bactéries : selon le programme CiTIQUE, en France, 31% en moyenne des tiques piqueuses d’êtres humains analysées (N=1412) sont porteuses d’au moins un agent potentiellement pathogène : 15% des tiques qui piquent les êtres humains sont porteuses de Borrelia burgdorferi sensu lato, la bactérie responsable de la maladie de Lyme et 14% sont porteuses d’un autre agent pathogène potentiellement dangereux pour la santé humaine. Des cas de probables co-infections entre Borelia burgdorferi et Bartonella ont été rapportés. Ces co-infections sont dues, soit à la morsure d’une même tique lorsque celle-ci est infectée par plusieurs bactéries, soit à des morsures multiples de plusieurs tiques lorsque chacune est infectée par des bactéries différentes.

Il n’est donc pas possible d’exclure qu’à côté de quelques cas authentiques de borréliose de Lyme ayant échappé au diagnostic biologique ou à un traitement insuffisant, puissent être mises en cause d’autres bactéries transmises par les tiques : des études récentes ont permis de confirmer, par exemple, le rôle pathogène des Bartonella chez des patients mordus par des tiques, dont de nouvelles espèces de Bartonella, pour la plupart parasites des rongeurs. Mais. il faut avoir conscience que ces cas semblent très rares.

Ces douleurs persistantes diffuses et polymorphes après morsure de tique peuvent donc s’avérer liées à la présence d’autres bactéries (bartonella, erhlichia, babesia...), elles aussi transmises par des tiques, éventuellement chez ces patients souvent multi-piqués. Ces cas sont cependant peu fréquents.

Il est donc indispensable de mettre en place les études épidémiologiques indispensables afin de colliger l’ensemble des informations cliniques que pourront communiquer ces patients. Ces données seront ensuite étudiées par des épidémiologistes dans le but de mieux caractériser cette population sur le plan clinique.

En attendant, l’instauration d’un traitement antibiotique chez ce type de malade ne doit se faire que dans le cadre d’une évaluation multidisciplinaire dans un centre de référence. Une étude de référence européenne a montré récemment qu'un traitement de 2 semaines par ceftriaxone injectable pouvait améliorer certains symptômes en cas de preuve d'une infection. Par contre, il est totalement inutile de prolonger le traitement antibiotique au-delà, car le risque n'est pas négligeable. La suite du traitement de ces douleurs post-Lyme repose sur d'autres techniques qui sont utilisées dans les syndromes douloureux post-infectieux chroniques et qui relèvent d'autres traitements que les antibiotiques.

• A côté de la maladie de Lyme, il y a beaucoup d'autres maladies qui peuvent être responsables de douleurs chroniques et diffuses. Le principal risque est de passer à côté d'une autre maladie (lymphome, leucémie, tuberculose, maladie neurologique...) avec un réel risque de perte de chance pour le malade. Plutôt que de s'obstiner à penser au Lyme, il vaut mieux remettre le dossier à plat, refaire l'examen et demander des examens et des avis spécialisés. Des examens strictements négatifs ne doivent donc pas dispenser de rechercher une autre cause à ces douleurs... et la liste est longue. L'histoire médicale est pavée de maladies qui se cachent derrière une autre. Le traitement d'une douleur neuropathique, suite à un dérèglement du système nerveux de la douleur, peut aussi être envisagé.

• A un stade très tardif, l’infection chronique a été responsable d’une activation du système immunitaire qui a pu provoquer une réaction inflammatoire et des lésions cicatricielles articulaires, cardiaques et neurologiques. Il existe donc des séquelles qui ne régresseront pas complètement avec le traitement antibiotique. Le traitement qui sera proposé par le médecin visera donc à seulement compenser ces problèmes.

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