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Dépistage

Cancer : "tendance inquiétante", les Français ne se font pas assez dépister 

Par Mégane Fleury

Selon le dernier baromètre de Santé publique France et de l'Institut National du cancer, les taux de participation aux différents dépistages du cancer sont inférieurs aux objectifs européens. 

Povozniuk/istock
Ce Baromètre est réalisé tous les cinq ans pour "appréhender les attitudes et les comportements des Français face au cancer".
Les données correspondent aux réponses de 5.000 personnes âgées de 15 à 85 ans.
Selon ce Baromètre, chaque année en France, 382.000 nouvelles personnes apprennent qu’elles ont un cancer.

Il faut améliorer le dépistage des cancers en France. C’est la conclusion du Baromètre Cancer 2021, publié lundi 30 janvier par Santé Publique France et l’Institut national du cancer. La participation aux différentes campagnes de dépistage est insuffisante : elle ne permet pas d’atteindre les objectifs fixés au niveau européen. 

Dépistage : quels sont les taux de participation en France ?

Pour le cancer colorectal, il est recommandé pour les femmes et les hommes de 50 à 74 ans, tous les deux ans. "Il permet de détecter précocement un cancer et d’augmenter les chances de guérison, soulèvent les auteurs du Baromètre Cancer 2021. Ce dépistage permet également de détecter un polype et de l’enlever avant qu’il ne se transforme en cancer." D’après les données récoltées, seulement 43 % des personnes concernées par le dépistage affirment l’avoir réalisé, ce qui ne permet pas d’atteindre l’objectif européen de 65 %. "La participation à ce dépistage reste très faible, observent-ils. Pourtant, ce cancer est le 3e le plus fréquent chez l’homme et 2e chez la femme. Il est également la 2e cause de décès par cancer en France. Alors que détecté à un stade précoce, la survie à 5 ans atteint 90 %, elle n’est que de 14,3 % lorsque ce cancer est détecté à un stade métastatique."

En ce qui concerne le cancer du sein, le dépistage repose sur l’examen clinique des seins et la mammographie : il est recommandé aux femmes de 50 à 74 ans et doit être réalisé tous les deux ans. "Sur la période 2020-2021, la participation à ce dépistage est de 46,6 % bien en deçà de l’objectif européen de 70 %, concluent les auteurs du rapport. Pourtant, détecté à un stade précoce, la survie a 5 ans est de 99 %. Elle n’est que de 26 % lorsque ce cancer est diagnostiqué à un stade avancé."

Enfin, le dépistage du cancer du col de l’utérus est aussi insuffisant dans le pays. 76,8 % des femmes concernées par ce dépistage affirment être à jour, or l’objectif européen est de 85 %. Pourtant, une détection précoce permet de repérer les lésions précancéreuses et de prévenir l’apparition du cancer. "Grâce au dépistage, 90 % des cancers du col de l’utérus pourraient être évités", soulèvent les auteurs du Baromètre.

"Les taux de participation sont insuffisants et leur dynamique, marquée par une adhésion décroissante des Français au dépistage, est inquiétante", concluent les auteurs. Selon eux, les données obtenues grâce au Baromètre permettent "d’identifier les freins à la participation au dépistage" et de "valoriser les leviers d’action pour accroître les niveaux d’adhésion". 

Quelles sont les autres enseignements du Baromètre Cancer 2021 ? 

Les auteurs de ce rapport se sont aussi intéressés à la perception du cancer et des facteurs de risque. "Les Français nous rapportent se sentir bien informés sur les cancers, constatent-ils. Cependant nous nous rendons compte que lorsque l’on s’intéresse plus spécifiquement aux facteurs de risques, et notamment aux facteurs de risques évitables, leurs perceptions ne s’appuient pas vraiment sur les connaissances scientifiques." Ils donnent en exemple le lien entre facteurs psychologiques et cancer (comme le stress de la vie moderne, les expériences traumatiques) : il a été souvent cité par les participants, or "il n’y a aucune preuve scientifique avérée sur ce lien". Aussi, ils remarquent une mise à distance du risque individuel lié à son propre comportement. "Pour le tabac, 1er facteur de risque évitable de cancer, 1 fumeur sur 2 place au moins un des seuils de dangerosité (c’est-à-dire le nombre de cigarettes fumées par jour ou le nombre d’années de tabagisme) au-dessus de sa propre consommation", notent-ils. Les différentes données récoltées permettront de mettre au point des stratégies de prévention et d’information plus ciblées. 

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