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Dépistage

Cancer du sein : “Les pays européens sont probablement les plus avancés au monde dans le dépistage”

A l’occasion de la nouvelle parution de son livre “Cancer du sein, s’informer pour se soigner”, aux éditions du Docteur Lemoine, le Pr Gilles Freyer revient sur les avancées du dépistage du cancer du sein en 2022, qui permettent notamment des diagnostics précoces de la maladie. 

Cancer du sein : “Les pays européens sont probablement les plus avancés au monde dans le dépistage” thomasandreas/Istock




L'ESSENTIEL
  • D'après les statistiques, 1 femme sur 8 développerait un cancer du sein au cours de sa vie.
  • Un cancer du sein détecté suffisamment tôt est guéri dans 90 % des cas.

Globalement, comme chaque année, tous les traitements progressent ?

Globalement les traitements progressent. Nous savons que la mortalité par cancer du sein diminue. Nous avons simplement le reflet des dix dernières années. Mais je pense que dans quatre ou cinq ans, les nouvelles données seront encore plus encourageantes.

Mortalité par cancer du sein : baisse de 37 % grâce aux dépistages 

Parlons un peu de cette diminution. Une étude de l’université de Stanford aux Etats-Unis, et publiée par le JAMA, a démontré que la mortalité par cancer du sein a diminué de 49 % en 2012 par rapport à ce qu’elle a été en l’absence de dépistage et de traitement…

C’est la grande force des Américains ! Ils sont capables de faire des bases de données considérables et du suivi de patientes pendant des années voire des décennies. C’est une étude de modélisation qu’il faut prendre avec un peu de recul. Nous avons ce qu’à donner les études de modélisation de la Covid, par exemple ! Je tiens quand même à souligner que c’est un très beau travail qui méritait une publication.

L’originalité, c’est de faire la part entre, ce que fait le dépistage dans cette réduction du risque et de la mortalité, et ce que fait le traitement. Pour l’ensemble de la population qui a été étudiée, nous avons effectivement une diminution de 49 %. Sur cette diminution, à peu près 37 % sont imputables au dépistage selon les auteurs et 6 % aux progrès thérapeutiques. Mais cela change beaucoup au niveau des sous-types de cancers et sans rentrer dans le détail, c’est extrêmement encourageant.

Autre confirmation que l’on sentait venir et qui va au-delà du cancer du sein : une simple prise de sang pourrait permettre la détection de cinquante types de cancers dont le cancer du sein ?

Effectivement c’est une grosse étude. Sur 6.621 volontaires, nous avons trouvé chez 92 personnes une positivité du test et chez ces 92 personnes, nous avons diagnostiqué 35 cancers. Pour autant, nous n’avons pas la prise de sang miracle. Pourquoi ? Parce qu’il faut tester plus de six mille personnes pour diagnostiquer 35 cancers et parce que l’on crée une angoisse énorme chez les soixante d’entre eux qui n’ont rien et qui vont subir des tas d’examens. Ensuite, nous ne sommes pas certains que même lorsque le patient a un cancer que le test soit toujours bien positif. En d’autres termes, je dirais que c’est un petit pas parmi d’autres pas vers quelque chose qui pourra s’affiner dans les années qui viennent. Mais aujourd’hui, il faut vraiment dire qu’en aucun cas nous avons la prise de sang qui diagnostique le cancer en général.

Dépistage organisé : près d'1 femme sur 2 n'y participe toujours pas

Un diagnostic précoce augmente les chances de rémission et la participation au dépistage organisé est repassée au-dessus de 50 % en 2021 parce qu’elle avait chuté pendant la Covid. Cela signifie qu’une femme sur 2 ne le fait toujours pas ?

Oui alors que les modélisations suggèrent qu’il faudrait que l’on dépasse les 60 % pour qu’il y ait un effet très significatif observé dans la population. Il faut continuer à encourager les femmes au-delà de 50 ans. Maintenant, nous savons aussi qu’on peut le faire plus tôt. Et surtout, il faut arrêter de leur faire peur.

Une nouvelle plus surprenante, dans notre pays, pour le cancer du sein. On envisage une consultation à 25 ans ?

C’est assez différent. Jusque-là, nous avons le dogme guidé par les études anciennes de 50 à 74 ans. Mais comme tout dogme, il est fait pour être relativisé. D’abord, on pourrait très bien aller au-delà de 74 ans car plus on avance dans l’âge, plus il est facile de surveiller le sein, de trouver des tumeurs à la palpation et à la mammographie. Il est probant que les personnes âgées bénéficient du dépistage. Quand c’est fait plus tôt, c’est surtout guidé par la notion de risque. Comme aujourd’hui, on a découvert de plus en plus de gènes différemment associés au risque, en effet pour une partie de la population guidée par ce risque génétique, et parfois guidée par des histoires de densités mammaires, on va pouvoir proposer un dépistage plus tôt. Et bien entendu, un dépistage différent. Quand vous êtes dans le jeune âge, on ne va pas, par exemple, faire des mammographies car c’est un examen qui ne va pas être rentable en termes de diagnostic. Et puis surtout, on va absolument éviter de donner des petites doses de rayons tout au long de la vie. Les examens vont être, donc, différents.

Cela se passe déjà comme ça dans d’autres pays ?

Les pays européens sont probablement les pays les plus avancés au monde dans le dépistage. Aux Etats-Unis, c’est un peu plus compliqué à cause de la grandeur du territoire. Ce n’est pas très simple d’avoir l’accès à la radiologie et aux examens. Et puis malheureusement, nous avons une tranche du monde qui est défavorisée sur le plan économique et où le dépistage n’existe pas du tout.

Vous pouvez retrouver l’interview en images ici :

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