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Loire-Atlantique

Cancers pédiatriques : “Il ne se passe pas six mois depuis 2015 sans qu'un enfant déclare un cancer!”

Par Mégane Fleury

À Sainte-Pazanne et dans les communes alentour, le collectif “Stop aux cancers de nos enfants” s’inquiète face aux nombreux cas de cancers pédiatriques : 22 ont été recensés jusqu’ici. Saisis en 2019, Santé publique France et l’Agence régionale de santé ont publié, mercredi 23 septembre, un communiqué annonçant l’absence de foyers et de cause commune à ces cancers. Marie Thibaud, fondatrice du collectif, rappelle sa détermination à trouver des explications. 

AgFang/iStock

Vingt-deux cas de cancers pédiatriques concentrés dans seulement quelques communes, sans que l'on ne trouve qu'explications. C'est la situation que vivent des parents de Sainte-Pazanne et des communes alentour, en Loire-Atlantique. Dans leur rapport du 23 septembre, l'Agence régionale de santé des Pays de la Loire et Santé publique France indiquent qu'il n'y avait pas de “situation singulière en terme de cancer sur le secteur concerné.” Une explication qui ne satisfait pas Marie Thibaud, la fondatrice du collectif “Stop aux cancers de nos enfants”.

Comment avez-vous réagi aux annonces de Santé publique France du 23 septembre 2020, affirmant qu’il n’y avait pas de foyer de cancers pédiatriques en Loire-Atlantique ? 

Ça m’a révoltée. Nous étions en comité de suivi la veille avec le collectif de parents, l’ARS et Santé publique France. Ils ne nous ont pas informé qu’ils réfutaient la notion de cluster. J’ai complètement halluciné en découvrant l’information. Il ne se passe pas six mois depuis 2015 sans qu'un enfant déclare un cancer!  

Santé publique France affirme vouloir mettre en place une veille et des mesures spécifiques dans certaines zones, comme à l’école Notre-Dame-de-Lourdes de Sainte-Pazanne, où des polluants ont été détectés dans l’air. Est-ce que ces mesures vous semblent suffisantes ?

Pour la surveillance, il n’y en pas. Depuis novembre 2019, date à laquelle Santé publique France a déclaré qu’elle ne fera pas d’études épidémiologiques, nous devons prévenir cet organisme et l’ARS des nouveaux cas, sinon ils n’ont pas l’information car ils ne font pas de recensement. Pour les mesures spécifiques comme à l’école de Sainte-Pazanne, ça ne suffit pas. Des classes ont été déplacées dans des préfabriqués, mais les enfants sont toujours à l’école, jouent dans la cour alors que des études ont montré qu’il y a également des champs électromagnétiques avec des taux élevés. C’est un facteur de risque, cela peut fragiliser des enfants, c’est un perturbateur endocrinien ! 

Il y a quelques semaines, votre collectif a lancé un appel à Emmanuel Macron par voie de presse. Avez-vous eu un retour ?

Non, nous n’avons eu aucune réponse pour l’instant. Un courrier a été également remis par la députée Sandrine Josso pour rappeler notre demande. 

Quelles démarches souhaitez-vous faire maintenant ?

Nous souhaitons lancer de nouvelles actions. L’idée n’est pas de faire pleurer dans les chaumières, mais de rappeler que ces cas de cancers pédiatriques existent, que ces enfants existent. 

Vous avez mené plusieurs recherches depuis novembre 2019, sur l’air, les cheveux, l’eau etc. Quels sont les résultats ? 

Tout cela prend du temps, et nous avons eu peu de résultats pour l'instant, mais ils montrent des anomalies. Nous attendons maintenant les résultats d’une analyse de l’eau, qui devraient normalement être rendu le mois prochain, mais nous allons aussi faire analyser les nappes phréatiques. Nous aimerions aussi faire analyser les légumes car nous savons que les sols sont très pollués.

Nous en sommes encore au tout début, nous attendons un accord financier pour une analyse génomique, c’est-à-dire une recherche menée sur le génome des cellules cancéreuses des enfants. L’ARS nous avait dit que ça n’existait pas mais nous avons trouvé des chercheurs spécialisés. Une fois que nous aurons obtenu tous les accords, il faudra au moins un an et demi pour avoir des résultats. 

Quelle sont les causes soupçonnées aujourd’hui ? 

Nous pensons qu’il n’y a pas de cause unique, mais plusieurs facteurs. Par exemple, nous nous sommes rendu compte qu’un champ d’éoliennes a été installé dans le secteur entre 2014 et 2015. Or, Santé publique France n’enregistre pas de cas avant 2015 dans son registre. Je ne dis pas que les cancers sont causés par les éoliennes et leurs champs magnétiques, mais il est possible qu’il y ait un facteur de risque dans le corps de nos enfants, qui soit réveillé en quelque sorte par les champs électromagnétiques des éoliennes. C’est pour cette raison qu’il nous faut un observatoire de la pollution totale, il faut une analyse complète de l’air, des sols, etc.

Est-ce que vous envisagez une action en justice ?

Non, pour l’instant notre priorité est de protéger les enfants. Nous ne sommes pas là pour faire tomber des têtes, mais pour faire en sorte que les enfants ne soient plus touchés par le cancer.