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Société française d’hygiène hospitalière

Le manque d’hygiène des sondes d’échographie vaginale et rectale inquiète

Par Jean-Guillaume Bayard

Selon un rapport de la Société française d’hygiène hospitalière, les sondes d’échographie, utilisées quatre millions de fois par an, ont un niveau d’hygiène trop faible. Une situation qui inquiète. Les associations attendent une réponse du gouvernement.

romankosolapov/iStock

L’échographie est devenue indispensable dans de nombreux domaines de la médecine. Bien évidemment chez la femme enceinte, mais également pour explorer au plus profond de notre ventre, de nos vaisseaux ou encore de notre cœur. Il est donc essentiel de s'intéresser à la fiabilité dans tous les aspects du matériel utilisé.

Quatre millions d’actes médicaux concernés

Un rapport de la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H), missionnée en avril 2017 par Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, déplore le manque d’hygiène des sondes d'échographie. Un manque d'abord dû à la réglementation, qui n'impose aucune désinfection entre deux patients ! Celle-ci ne prévoit qu'une désinfection de niveau intermédiaire (DNI), c'est-à-dire une désinfection par jour.

Plus précisément, c’est le manque d’hygiène des échographies endocavitaires entre deux patients qui est pointé du doigt par les professionnels de la SF2H. Ces actes médicaux, pratiqués quatre millions de fois par an, concernent les échographies vaginales de suivi de grossesse, de diagnostic de maladies de l’ovaire, de l’endomètre, de l’utérus. Mais aussi, chez l’homme, les échographies rectales de surveillance de la prostate ou de la vessie.

Un possible scandale sanitaire

"La France peut-elle rester le seul pays qui de façon officielle affiche un objectif de traitement des sondes de niveau inférieur à l’ensemble de ceux préconisés au niveau international et européen ?" s’inquiètent les professionnels dans le rapport, piloté par le président de la SF2H, le docteur Pierre Parnaix. "Notre système est une incohérence mondiale, nous avons 20 ans de retard", déplore-t-il.

Ce cri d’alerte des professionnels de l’hygiène n’a pas pour l’instant trouvé d’écho sur la corrélation entre le manque de désinfection et la transmission de virus. Mais la question se pose. "Cela se pose notamment pour le papillomavirus. Aujourd’hui, il n’y a pas de lien avéré entre soins et contamination", insiste le docteur Pierre Parnaix. "Mais si un jour une corrélation est faite et que nous n’avons pas le bon niveau de sécurité, nous serons dans le scandale sanitaire. Le risque est bas, mais il doit être à zéro."

"C’est tout bonnement inacceptable"

Ces conclusions ont provoqué la colère des associations de santé qui s’insurgent contre ce manque flagrant d’hygiène. "Le rapport Parnaix est clair, alors qu’on en finisse", plaide Alain-Michel Ceretti, le président de France Assos Santé qui regroupe 85 associations en santé. "Il ne s’agit pas de basculer à la désinfection systématique, mais bien d’y rebasculer, car celle-ci était obligatoire avant 2007 ! Et puis il y a eu des compromis, qui sont en fait des compromissions pour les patientes. Comment accepter qu’un coup de lingette soit la norme ? C’est tout bonnement inacceptable."

Si ce rapport vient tout juste de devenir public, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, l’a reçu sur son bureau en juin dernier. Depuis, aucune décision n'a été prise. "Quatre mois se sont écoulés sans annonce. Entre-temps, près de 1,3 million d’actes ont été pratiqués. Toute attente se fait au détriment de la sécurité des patients. La ministre doit siffler la fin de la récré", explique Alain-Michel Ceretti.