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CO2

Pollution : les hôpitaux produisent trop de gaz à effet de serre

Par Mathilde Debry

Chaque chirurgie émettrait en moyenne entre 150 et 230 kg de CO2, contre120 kg de CO2 pour traverser la moitié de la France en voiture.

Dutko / stock

On en a pas forcément conscience, mais nos systèmes de santé polluent, et pas qu’un peu. Selon une étude parue récemment dans The Lancet, le système de soin anglais émet 3% de la quantité de CO2 nationale. Aux Etats-Unis, ce chiffre grimpe à 10%.

Gaz anesthésiques

En Australie, les hôpitaux publics et privés sont les plus gros émetteurs de CO2, suivis par l’industrie pharmaceutique et le secteur de la construction de bâtiments à destination des professionnels de santé. Au total, ce système de soins émet 7% de la totalité des gaz à effet de serre produits par l’Australie.

Concernant plus précisément les hôpitaux, les gaz anesthésiques et la consommation d’énergie sont la principale source d’émission de gaz à effet de serre, selon une autre étude, elle aussi publiée dans The Lancet. Chaque chirurgie émettrait en moyenne entre 150 et 230 kg de CO2, contre120 kg de CO2 pour traverser la moitié de la France en voiture.

Le patient ne métabolise en effet qu’une toute petite partie des gaz anesthésiques. "On estime que plus de 95% du gaz utilisé lors des opérations s’échappe en l’état, explique au Figaro le Dr Jane Muret. Et pour éviter qu’ils ne restent dans la salle d’opération, les gaz sont évacués via des prises Sega (système d’évacuation des gaz anesthésiques, NDLR)".

Isoflurane, sevoflurane et desflurane

Parmi les gaz anesthésiques étudiés - isoflurane, sevoflurane et desflurane -, le desflurane apparait comme le plus polluant. Un fait dommageable, quand on sait qu’il est tout à fait possible de s’en passer pour la plupart des patients, sauf contre-indication médicale spécifique.

La deuxième étude citée dans cet article a analysé trois hôpitaux anglophones : l’hôpital général de Vancouver (Canada), le centre médical de l’université du Minnesota (États-Unis) et l’hôpital John Radcliffe (Royaume-Uni). Aucune donnée similaire n’est pour l’instant disponible sur les hôpitaux français, même si certains ont déjà pris conscience de cette problématique. "À Grenoble, nous nous servons toujours du desflurane, témoigne le Dr Claire Chapuis, pharmacienne au CHU de Grenoble. Mais nous essayons de réduire son utilisation au profit du sevoflurane."

L'impact de la pollution sur les voies respiratoires

De nombreuse études soulignent les effets délétères de la pollution sur la santé respiratoire, notamment celle des enfants, avec des pourcentages d'asthme et d’allergie aux pollens qui grimpent de 20 à 30 %. Une équipe internationale de chercheurs a mis en évidence l’impact de la pollution de l’air sur l’asthme infantile. Leurs travaux publiés le 27 mars dans la revue Environment International démontrent que jusqu’à 38% de tous les cas annuels d’asthme recensés chez les enfants à Bradford peuvent être attribuables à la pollution de l’air. La pollution atmosphérique liée à la circulation automobile est quant à elle estimée à 12% de tous les cas d’asthme infantile recensés.