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Sommeil

Dans la vie il y a ceux qui se rappellent de leurs rêves et ceux qui les oublient

Par Camille Sabourin

Grâce aux travaux de l’Inserm, nous savons désormais que les grands rêveurs réagissent plus aux stimuli de l’environnement et se réveillent plus au cours de leur sommeil que les petits rêveurs. Voilà pourquoi ils mémorisent mieux leurs rêves.

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Ils nous fascinent, nous intriguent... quand on arrive à s'en souvenir... Une chose est sure, nous ne sommes pas tous égaux face aux rêves. Chaque matin, il y a une grande injustice. Certains se souviennent sans problème de leurs rêves. Les autres pas du tout, ce qui peut être très frustrant. Depuis plus de quarante ans, l’explication retenue était que le cerveau endormi ne pouvait pas « imprimer » une information dans la mémoire à long terme et qu’il fallait, pour se souvenir d’un rêve, se réveiller, même une petite période très courte pour pouvoir l’imprimer et s’en souvenir le matin au réveil…

L’hypothèse est devenue certitude

Il n’y avait, à l’époque où cette hypothèse a été soulevée, pas les machines dont on dispose aujourd’hui. C’est pourquoi une unité Inserm de Lyon a proposé à des volontaires de venir dormir au laboratoire avec des électrodes sur la tête. Ce qui a permis de vérifier très simplement que les grands rêveurs ont une quantité plus importante de micro-réveils.
Notre sommeil est divisé en plusieurs cycles, plus ou moins long en fonction des gens, ce qui expliquent que ceux qui ont des cycles courts ont besoin de moins de sommeil que les autres. Entre deux cycles, on se réveille de façon très courte mais complète. C’est souvent la perception de ces micro-réveils qui donne l’impression d’une bonne ou mauvaise nuit… Mais, il y a une certaine justice puisque ce sont les plus gros rêveurs !

La science au service de la connaissance

Ce n’est pas fini – pour cette étude : on a mis les volontaires dans des machines pour définir quelle région du cerveau était concernée. Ces volontaires, 40 au total, une perfusion dans le bras devaient dormir dans une machine qui n’invite pas spécialement au rêve. Il a fallu un an et demi pour y arriver. Mais la vérification est éclatante : les grands rêveurs ont une activité plus importante dans une région spécifique du cerveau par rapport aux petits rêveurs. Une région dont on sait qu’elle est très sensible aux stimulations extérieures… Donc tout se tient ! Les grands rêveurs ont une capacité à être plus facilement réveillés, par les bruits par exemple, donc à mieux mémoriser leurs rêves.

Sommeil paradoxal

Au-delà du plaisir de comprendre, ces  résultats sont médicalement précieux, parce c’est une autre confirmation du fonctionnement de la phase du sommeil que l’on appelle « paradoxal » qui est le moment où l’on rêve, mais aussi l’élément clef de notre vie intellectuelle inconsciente. On l’appelle sommeil paradoxal, car jamais le sommeil n’a été aussi profond et le cerveau aussi éveillé. La phase réparatrice qui le précède est dite « réparatrice » – au sens réparation de notre corps – mais ce sommeil paradoxal est celui de la réorganisation du cerveau. Pendant cette phase, il trie les informations apprises pendant le jour pour ne mémoriser que celles qui sont essentielles ; en particulier les phases d’apprentissages.
Quand on ne souvient pas de ses rêves, est-ce que cela ne veut pas dire qu'on ne rêve pas, parce que le sommeil paradoxal existe chez tout le monde, cela veut simplement dire qu’on ne les a pas imprimés… parce qu’on dormait très bien !

En résumé, on peut se réveiller en pleine forme, parfaitement réparé des sévices de la journée, mais sans avoir complétement amélioré sa mémoire. C’est important ! Et on citera Marcel Proust : « un peu d’insomnie n’est pas inutile pour apprécier le sommeil ! ».