Ils sont présents dans l’eau, dans l’océan, dans les sols et même dans certains aliments. Les microplastiques sont partout. Ces particules sont parfois à peine détectables mais elles peuvent avoir des conséquences sur l’environnement et sur la santé. Dans la revue spécialisée Molecular and Cellular Biochemistry, des chercheurs australiens décryptent leurs effets sur le cerveau.
Des microplastiques omniprésents dans l’environnement
"Nous ingérons des microplastiques provenant de sources très diverses, notamment les fruits de mer contaminés, le sel, les aliments transformés, les sachets de thé, les planches à découper en plastique, les boissons en bouteille plastique et les aliments cultivés dans des sols contaminés, ainsi que les fibres plastiques présentes dans les tapis, la poussière et les vêtements synthétiques", liste le professeur Kamal Dua, chercheur en sciences pharmaceutiques à l'Université de Technologie de Sydney. Il souligne qu’un adulte ingère, en moyenne, 250 grammes de microplastiques chaque année. "Parmi les plastiques courants, on trouve le polyéthylène, le polypropylène, le polystyrène et le polyéthylène téréphtalate (PET), précise-t-il. La plupart de ces microplastiques sont éliminés par notre organisme, mais des études montrent qu'ils s'accumulent dans nos organes, y compris notre cerveau."
Comment les microplastiques nuisent au cerveau ?
Avec son équipe, il a décrypté l’action de ces matériaux sur cet organe. Ils ont mis en évidence cinq mécanismes principaux : activation des cellules immunitaires, génération de stress oxydatif, altération de la barrière hémato-encéphalique, dysfonctionnement des mitochondries et lésions neuronales. Tous sont des facteurs d'inflammation et leurs interactions peuvent aggraver des lésions cérébrales pré-existantes. "Les microplastiques fragilisent la barrière hémato-encéphalique, la rendant perméable, développe l’auteur principal. Dès lors, les cellules immunitaires et les molécules inflammatoires sont activées, ce qui endommage davantage les cellules de la barrière." Pour le cerveau, les microplastiques sont des corps étrangers, leur présence déclenche l'action des cellules immunitaires d’une part, mais elle peut aussi engendrer un stress oxydatif. "Les microplastiques perturbent également la production d'énergie par les mitochondries, réduisant ainsi l'apport d'ATP (adénosine triphosphate), le carburant indispensable au fonctionnement des cellules, poursuit-il. Ce déficit énergétique affaiblit l'activité neuronale et peut, à terme, endommager les cellules cérébrales."
Cerveau : limiter l’exposition aux microplastiques
Les auteurs de cette étude espèrent que ces résultats permettront d’alerter sur les effets de ces substances. Selon eux, il est nécessaire de mettre en place des politiques environnementales pour réduire la production de plastique et pour améliorer la gestion des déchets qu’ils deviennent. "Nous devons changer nos habitudes et consommer moins de plastique, complète le co-auteur de l’étude, Dr Keshav Raj Paudel. Évitons les contenants et les planches à découper en plastique, n'utilisons pas le sèche-linge, privilégions les fibres naturelles aux fibres synthétiques et consommons moins d'aliments transformés et emballés."


