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Santé des femmes

Règles abondantes : une réalité qui touche 2 femmes sur 3

Une enquête menée auprès de 4 000 femmes révèle l’ampleur d’un phénomène encore sous-estimé : les ménorragies, soit, les règles abondantes.

Règles abondantes : une réalité qui touche 2 femmes sur 3 julyprokopiv/istock

  • Publié le 04.12.2025 à 11h55
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Un sujet trop intime pour être discuté, trop courant pour être considéré : ainsi se résument les règles abondantes, pourtant au cœur d’un véritable enjeu de santé publique.

Alors que 40 % des femmes déclarent spontanément avoir un flux important, les données montrent que 67 % d’entre elles seraient en réalité concernées 

Malgré leur fréquence, les règles abondantes restent peu comprises. Beaucoup de femmes ignorent qu’elles sont concernées, faute d’informations fiables ou de repères clairs. La banalisation de ces symptômes entretient le silence. Résultat : une souffrance vécue en solitaire, souvent minimisée par l’entourage et parfois même par le monde médical.

Un “oui” à au moins trois de ces questions est évocateur 

Le Pr Hervé Fernandez, gynécologue-obstétricien, professeur émérite à l’Université Paris-Saclay et ancien chef du service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Bicêtre (AP-HP) 

a rappelé que « les règles abondantes se définissent comme des pertes menstruelles excessives ayant un impact direct sur la qualité de vie physique, émotionnelle, sociale et matérielle des femmes. Sur le plan médical, elles correspondent à un volume de sang supérieur à 80 millilitres, soit cinq à six cuillères à soupe sur l’ensemble des règles, et/ou à une durée de sept jours ou plus. »

Trois grandes catégories pour les règles abondantes

Le Pr Fernandez a également mentionné qu’il existe des signes simples pour repérer des règles réellement abondantes. Un “oui” à au moins trois de ces questions est particulièrement évocateur : vos règles durent-elles plus de sept jours ? Devez-vous changer de protection la nuit ? Craignez-vous des accidents de saignement ? Devez-vous changer de protection plus souvent que toutes les deux heures les jours les plus abondants ? Perdez-vous de gros caillots ? Vous sentez-vous faible ou essoufflée ? Adaptez-vous vos activités sociales ou vos vêtements à votre flux ?

Précisant que les causes des règles abondantes se répartissent en quatre grandes catégories. Les causes organiques, comme l’hyperplasie de l’endomètre, les polypes ou certains cancers. Les maladies générales, telles que les troubles de la coagulation ou les affections hépatiques. Les causes iatrogènes, liées par exemple au stérilet en cuivre ou aux anticoagulants. Enfin, les causes fonctionnelles, qui représentent 50 % des cas, où aucune anomalie n’est identifiée et où l’on parle de ménorragies fonctionnelles.

Un impact non négligeable sur la santé mais aussi le quotidien

L’enquête RED montre que les femmes concernées organisent leur vie en fonction de leur flux. Le sommeil est perturbé, les déplacements calculés, les vêtements choisis pour éviter une trace visible. La peur de la fuite, de l’imprévu ou de ne pas pouvoir tenir une réunion entière sans incident s’ajoute à une charge mentale déjà importante. Les plus jeunes, notamment les 18-24 ans, se sentent particulièrement gênées et isolées face à cette situation.

Au-delà du désagrément, les règles abondantes altèrent réellement la santé. Les femmes concernées déclarent une forme physique plus faible, une plus grande fragilité psychologique et davantage de troubles gynécologiques que les autres 

Beaucoup décrivent une fatigue intense, une perte d’énergie, de l’anxiété ou une irritabilité prononcée. Ce cycle d’épuisement peut entraîner un isolement social et parfois une baisse de productivité ou un absentéisme discret.

Moins d’une femme sur deux consulte pour cette raison

Bien que six femmes sur dix aient déjà parlé de leur flux à quelqu’un, moins d’une femme sur deux a consulté un professionnel de santé. Un chiffre révélateur de la persistance du tabou, mais aussi du manque d’information et de l’absence de repères clairs. Faute de solutions identifiées, nombre d’entre elles improvisent : elles cumulent les protections, cherchent des réponses sur des forums, surveillent leur flux via des applications et tentent d’adapter leur alimentation. Près de 40 % des femmes ont déjà cherché comment réduire leur flux sans trouver d’information fiable.

Le CHU de Lyon propose un outil simple et validé scientifiquement, le Score de Higham, qui permet de quantifier le volume des pertes selon la saturation des protections. Un flux supérieur à 80 millilitres ou des règles qui durent plus de sept jours doivent amener à consulter un professionnel.

En 2025, la résignation ne doit plus être une option. Redonner de la voix à ce sujet, c’est redonner du pouvoir aux femmes : celui de comprendre leur corps, d’être entendues et de ne plus subir.

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