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Psychologie

Être en colère, ça fait mal !

La colère et le sentiment d'injustice peuvent intensifier la douleur chronique.

Être en colère, ça fait mal ! Miljan Živković/iStock




L'ESSENTIEL
  • La colère, surtout lorsqu'elle est associée à un sentiment d'injustice élevé, est liée à des douleurs chroniques plus intenses et persistantes.
  • Ces deux sentiments sont aussi associés à des niveaux d'invalidité et de détresse émotionnelle plus élevés.
  • Ces résultats suggèrent l'intérêt potentiel des profils de colère comme marqueurs diagnostiques précoces, aidant ainsi les médecins à identifier les patients à risque pour ensuite leur proposer des traitements personnalisés et axés sur les émotions.

Le stress peut aggraver la douleur, mais une nouvelle étude, parue dans la revue The Journal of Pain, montre que la colère et le sentiment d'injustice particulier peuvent être des déclencheurs encore plus puissants. Afin de parvenir à cette conclusion, des chercheurs de l’université hébraïque de Jérusalem sont partis d’un constat. "La colère est fréquente dans la douleur chronique et s'accompagne souvent d'une détresse et d'un handicap accrus. La complexité du concept de colère se manifeste par l'hétérogénéité de la façon dont elle est vécue, exprimée et régulée. Cependant, la plupart des travaux ne tiennent pas compte des interrelations entre les multiples dimensions de la colère, ce qui limite notre compréhension de la façon dont elle peut contribuer différemment à l'évolution de la douleur."

La colère, associée à un sentiment d'injustice, peut prédire l'intensité de la douleur

Dans leurs travaux, l’équipe a donc recruté 735 personnes souffrant de douleurs chroniques afin d’identifier des "profils de colère" distincts. "Les mesures de la colère incluaient la colère situationnelle et la colère dispositionnelle, l'expression de la colère (intériorisée, extériorisée), le contrôle de la colère (maîtrise de soi, maîtrise de soi extériorisée) et le sentiment d'injustice." L'association de ces profils avec l'évolution de la douleur, dont les données comprenaient l'intensité, la distribution, l'impact et le comportement ainsi que la fonction physique, a ensuite été examinée. Parmi les participants, 242 ont également participé à des évaluations de suivi environ 5 mois après l’intervention initiale.

Grâce à une méthode, appelée analyse de profils latents, ils en ont découvert quatre, chacun décrivant la manière dont les adultes vivent, expriment et contrôlent leur colère, ainsi que l'intensité (faible, moyen, élevé) de leur sentiment d'injustice face à leur situation. Les volontaires se sentant lésés ou traités injustement en raison de leur pathologie étaient les plus susceptibles de signaler des douleurs intenses et persistantes plusieurs mois plus tard. Ils ont également rapporté des niveaux d'invalidité et de détresse émotionnelle plus élevés. À l'inverse, les participants qui semblaient gérer efficacement leur colère et qui percevaient leur état avec moins de ressentiment ont eu tendance à obtenir des résultats nettement meilleurs au fil du temps.

Le profilage basé sur le sentiment d'injustice devrait être privilégié

"La colère n'est pas mauvaise en soi. La colère est un signal émotionnel quotidien courant qui, bien maîtrisé, peut favoriser le bien-être personnel et interpersonnel. Cependant, lorsqu'elle se mêle à un sentiment d'injustice (lui-même déclencheur de réactions colériques), elle peut enfermer les personnes dans un cycle de souffrance émotionnelle et physique qui amplifie et entretient la douleur chronique", a expliqué Gadi Gilam, qui a dirigé les travaux. Face à ces résultats, les scientifiques suggèrent qu'une évaluation précoce des profils de colère pourrait améliorer la planification des traitements à long terme et faire progresser la prise en charge personnalisée de la douleur, soulignant ainsi la nécessité d'interventions sur mesure, axées sur la colère et adaptées à chaque patient.

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