- Les troubles de l'alimentation chez les futures mamans sont liés à un risque accru d'asthme et de respiration sifflante chez leurs enfants, selon une étude.
- Les mécanismes de cette associations ne sont pas encore totalement identifiés.
- Les chercheurs appellent à une meilleure prise en charge des TCA pendant la grossesse.
Est-ce que les troubles alimentaires (TCA) des femmes enceintes ont un impact sur la santé de leur bébé ? C’est en se posant cette question que des chercheurs européens ont fait une découverte de taille : la pathologie maternelle est liée à un risque accru d’asthme de respiration sifflante chez les enfants.
Leurs travaux ont été publiés dans la revue Thorax, le 2 décembre 2025.
Les TCA maternels accroissent les risques d’asthme des enfants
Dans le cadre de cette étude, l’équipe a repris les dossiers médicaux de 131.495 paires mère-enfant provenant de 7 cohortes de naissances européennes. Les premières analyses ont montré que la prévalence des troubles alimentaires maternels avant la grossesse variait de près de 1 % à 17 % selon les études. La prévalence de la dépression ou de l'anxiété concomitantes chez les futures mamans souffrant de troubles alimentaires, allait de 11 % à 75 %.
En analysant les différentes données recueillies, les chercheurs ont remarqué que la présence d’un trouble alimentaire avant la grossesse était associée à un risque accru de 25 % de respiration sifflante chez les enfants d'âge préscolaire, "bien que ce risque ait varié considérablement d'une cohorte à l'autre", soulignent-ils.
Les enfants dont la mère avait été touchée par un TCA étaient aussi 26 % plus susceptibles de souffrir d'asthme. Ce risque était "beaucoup plus constant d'une cohorte à l'autre".
"Des associations similaires avec l'asthme infantile ont été observées pour l'anorexie et la boulimie, tandis que la respiration sifflante chez les enfants d'âge préscolaire était associée uniquement à la boulimie", ajoutent les auteurs dans leur communiqué.
Si les associations observées variaient un peu selon si le TCA était présent avant, pendant ou après la grossesse, les différences n’étaient pas assez significatives pour distinguer une fenêtre d’exposition à risque précise.
Dépister les TSA lors des soins maternels
"Les mécanismes sous-jacents aux associations entre la santé mentale maternelle et les résultats respiratoires de l'enfance restent flous", reconnaissent les chercheurs. Ils ont toutefois plusieurs pistes de réflexion. Ils suggèrent notamment que les problèmes de santé mentale et le stress associé peuvent activer l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, perturbant le développement pulmonaire du bébé pendant la grossesse et la maturation du système immunitaire de l'enfant. Ce qui augmenterait la susceptibilité du petit de présenter des pathologies auto-immunes.
"Les enfants nés de mères souffrant de [troubles de l'alimentation] présentent un risque accru de retard de croissance intra-utérin, de prématurité, d’accouchement par césarienne et de faible poids à la naissance. Il s’agit de facteurs de risque bien connus de morbidité respiratoire. Ce qui suggère de multiples mécanismes possibles dans le lien entre les troubles alimentaires maternels et les conséquences respiratoires chez l’enfant", soulignent les auteurs. "De plus, des recherches ont montré que les troubles de santé mentale et l'asthme impliquent tous deux un dérèglement de la réponse immunitaire et des voies inflammatoires, ce qui suggère une base génétique commune pouvant contribuer aux deux affections", ajoutent-ils.
Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour vérifier ces hypothèses. Mais l’équipe appelle à intégrer d’ores et déjà un dépistage des troubles alimentaires pendant la prise en charge des femmes enceintes et de leur offrir le soutien approprié, si nécessaire, afin de réduire les risques pour leur progéniture.



