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Université John Hopkins à Baltimore

Cancer du sein : des protéines en cause dans la propagation des tumeurs

Par La rédaction

Des chercheurs ont découvert que la concentration en oxygène avait des conséquences importantes sur la propagation des cellules cancéreuses.

WIDMANN PETER/TPH/SIPA
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La compréhension de la propagation dans le corps des cellules cancéreuses progresse. Des biologistes de l'Université John Hopkins à Baltimore (Etats-Unis) ont découvert qu'un faible niveau d'oxygène pouvait enclencher la production de protéines, RhoA et ROCK1, qui contribuent à la propagation des cellules de cancer du sein, comme le rapporte le site Medical News Today. Le manque d'oxygène entraînerait une série d'événements qui transformerait les celulles du cancer du sein de cellules rigides et stationnaires à mobiles et invasives, favorisant la migration des métastases.


Il était connu jusqu'alors que de hauts niveaux de protéines RhOA et ROCK1 donnaient aux cellules cancéreuses les capacités de se mouvoir et de se propager, aggravant le cas des patients souffrant déjà d'un cancer du sein. Mais c'est la première fois qu'une étude, publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences le journal de l'Académie des Sciences américaines, identifie la présence de hauts niveaux de ces protéines dans les cellules.

Un manque d'oxygène mécanique

Le Dr Gregg Semenza, professeur de médecine à la John Hopkins School of Medicine, détaille sur cette découverte : « Quand les cellules de la tumeur se multiplient, l'intérieur de la tumeur est de moins en moins irriguée en oxygène ». La croissance de la tumeur demande en effet beaucoup d'énergie, et donc beaucoup d'oxygène. « Le manque d'oxygène active des ''facteurs produits par l'hypoxie'' [les protéines qui régulent l'absence d'oxygène ou HIF, comme RhoA ou ROCK1, ndlr] qui eux-mêmes activent des gênes qui aident les cellules à s'adapter au manque d'oxygène ».
Le fameux « manque d'oxygène » n'est donc pas un facteur environnemental mais mécanique, du fait même du développement de la tumeur.

Ainsi le Dr Daniele Gilkes, qui est un des auteurs principaux de l'étude, a découvert que lorsque des cellules du cancer du sein étaient exposées à de faibles niveaux d'oxygène, elles se déplaçaient, et cela de manière significative, beaucoup plus que celles qui étaient exposées à des niveaux d'oxygènes normaux. De même, le niveau de RhoA et de ROCK1 augmentait dans des conditions d'hypoxie, et baissait dans des conditions normales.

Freiner la propagation des tumeurs

Cette découverte est d'une importance majeure. En effet, comme l'explique Daniele Gilkes : « Nous avons réussi à baisser la mobilité des cellules du cancer du sein en utilisant des « trucs » génétiques qui font baisser les HIF. Maintenant que nous comprenons le mécanisme en jeu, nous espérons que des essais cliniques vont être mis en place afin de voir si les médicaments qui inhibent l'expression des HIF pourraient avoir le double bénéfice de bloquer la productionde RhoA et de ROCK1 et d'empêcher la métastase chez des femmes atteintes de cancer du sein ». Surtout qu'en ayant accès à une base de données, les chercheurs se sont rendus compte que les femmes avec des hauts niveaux de RhoA et Rock1 avaient plus de risque de mourir d'un cancer du sein que les autres.