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Etude de l'Institut Pasteur

Grossesse : Zika multiplie par 50 le risque de microcéphalie

Des chercheurs de l'Institut Pasteur estiment que le risque de microcéphalie est de 1 % lorsque l'infection survient au début de la grossesse.

Grossesse : Zika multiplie par 50 le risque de microcéphalie Felipe Dana/AP/SIPA

  • Publié le 16.03.2016 à 15h04
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Considéré comme anodin jusqu’à très récemment, le virus Zika est aujourd’hui accusé de provoquer le syndrome de Guillain-Barré chez l’adulte et la microcéphalie chez le fœtus. Et les preuves s’accumulent contre lui. Une étude dirigée par l’Institut Pasteur a quantifié le risque de microcéphalie pour un fœtus dont la mère a été infectée par ce virus transmis par le moustique Aedes. Ces travaux ont été publiés ce mercredi dans la revue The Lancet.

Depuis le printemps 2015, une épidémie sans précédent frappe l’Amérique du Sud et les Caraïbes. Cette flambée coïncide avec une hausse anormale de cas de microcéphalie. Mais de nombreuses incertitudes subsistent. « Nous ignorons combien de femmes enceintes ont été infectées et le nombre de microcéphalies. C’est la raison pour laquelle il est compliqué d’estimer le risque de cette malformation en temps réel », explique à Pourquoidocteur le Dr Simon Cauchemez, premier auteur de cette étude et responsable de l’unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses. Selon les dernières données des autorités brésiliennes, près de 5 000 enfants seraient atteints de cette malformation congénitale.

Dans ce contexte, les scientifiques français ont analysé les données issues de l’épidémie de 2013 en Polynésie française. Au total, 8 cas de microcéphalie chez des fœtus ou bébés ont été rapportés entre septembre 2013 et juillet 2015. Leur analyse rétrospective établit que sur ces 8 cas, 7 sont survenus 4 mois après la fin de l’épidémie, indiquant une association temporelle forte entre la flambée de Zika et cette malformation congénitale.


Un risque de 1 % au premier trimestre de grossesse

A l’aide de modélisations mathématiques, les chercheurs ont ensuite tenté de déterminer la période de la grossesse la plus à risque en simulant différents scénarios. « Nous estimons que le risque de microcéphalie est de 1 % lorsque la femme enceinte est infectée par le virus Zika au cours du premier trimestre de grossesse », indique le Dr Simon Cauchemez, en ajoutant que le risque au cours du second, ou troisième trimestre n’est pas non plus exclu.

Comparé à d’autres infections virales comme l’herpès ou la rubéole, le risque associé au virus Zika est très faible. « Pour la rubéole, ce risque est supérieur à 40 %. Mais ce qu’il faut prendre en compte, c’est le nombre de femmes concernées. Car chaque année en France, moins de 10 femmes enceintes sont infectées par la rubéole, alors qu’au cours de l’épidémie de Zika en Polynésie, 66 % de la population ont été touchés, ce qui signifie qu’un grand nombre de femmes enceintes ont été contaminées », relève le chercheur.

 

Ecoutez...
Simon Cauchemez, responsable de l'Unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses à l'Institut Pasteur : « Quand on regarde l'épidémie de Zika en Polynésie, on observe une augmentation très importante de cas de microcéphalie... »

 

Par ailleurs, cette analyse renforce les éléments de preuves rapportés ces dernières semaines. Ces derniers ont mis en évidence la présence du virus dans le liquide amniotique des mères ainsi que dans les tissus cérébraux d’enfants mort-nés. D’autres travaux ont également montré que le virus Zika est capable d’infecter un type particulier de cellules souches neuronales à l’origine du cortex cérébral entraînant leur destruction, ou une évolution anormale.


De nombreux dégâts

Les travaux récents montrent en outre que les ravages de Zika chez le fœtus ne se limitent pas à la microcéphalie. Des études de cohortes vont donc être réalisées aux Antilles et en Amérique latine afin d’évaluer la proportion de femmes enceintes infectées par Zika. Un suivi des grossesses va également être mis en œuvre afin de quantifier le risque selon le terme et identifier toutes ces malformations. Outre ces cohortes, des études sur modèles animaux vont être mis en œuvre pour mieux comprendre comment se déroule l’infection et les mécanismes biologiques qui peuvent expliquer la survenue des ces malformations. Ces travaux sont cruciaux pour trouver des solutions thérapeutiques et développer des vaccins.

Toutefois, ces traitements ne verront pas le jour avant 3 ans selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La protection contre les piqûres de moustique reste le seul moyen efficace pour échapper à la fièvre Zika. Pour les femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse, l’OMS et les autorités sanitaires de nombreux pays, dont la France, déconseillent fortement de se rendre dans les pays touchés. Elles recommandent également d’avoir des relations sexuelles protégées.

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