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Altération des cellules dans les bronches

Asthme : l’exposition aux acariens aggrave la maladie

Par Julie Levallois

Asthme sévère et acariens ne font pas bon ménage. Ces arachnides microscopiques favorisent l’inflammation et la remodélation des bronches, déjà mal en point.

AP/SIPA

On ne les voit pas, on ne le sent pas, mais leur présence nuit fortement aux asthmatiques. Les acariens favorisent une remodélation des cellules dans les bronches. Cela aggrave encore la maladie, conclut une équipe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine.

 

Les acariens favorisent l’asthme

Chez les patients atteints d’un asthme sévère – un asthmatique sur dix –, les cellules musculaires lisses des bronches sont modelées différemment. Les muscles du poumon se contractent plus facilement, tandis que le diamètre des conduits respiratoires est réduit. D’autres études ont associé l’exposition aux acariens à une stimulation excessive des cellules épithéliales situées sur la paroi des bronches. En réaction, elles sécrètent des facteurs impliqués dans l’inflammation, ce qui déclenche une crise d’asthme.

L’unité Inserm au Centre de recherche cardio-thoracique à Bordeaux (Gironde) établit un pont entre ces observations médicales. Les chercheurs ont utilisé les cellules épithéliales et les cellules musculaires lisses de deux types de sujets : asthmatiques sévères, ou sains. Placées en culture, ces cellules ont été mises au contact d’acariens.

 

Une réaction en chaîne

En présence des micro-arachnides, les cellules épithéliales issues de patients asthmatiques s’activent. Elles libèrent des leucotriènes, facteurs d’inflammation. Les cellules musculaires lisses, qui surexpriment les récepteurs à ce facteur, les interceptent. Elles se remodèlent, ce qui se traduit par une aggravation de l’asthme. « Les acariens ne sont pas la cause de tout », tempère Patrick Berger, co-auteur de l’étude.  « Il est clairement démontré que les cellules musculaires lisses des patients asthmatiques sévères sont déjà remodelées en l’absence de ces micro-arachnides. Mais ces travaux montrent que les acariens représentent une contribution supplémentaire au remodelage. »

 

Comme les allergiques, les asthmatiques gagneraient donc à anticiper ce type de complication en évitant la moquette et les doubles rideaux et en utilisant des housses anti-acariens sur la literie. Un médicament, qui cible les récepteurs aux leucotriènes, existe également. Mais le montelukast (Kastlutemon et génériques) est recommandé dans l’asthme léger uniquement. Aucune étude n’a prouvé, chez l’homme, qu’il empêche les cellules musculaires lisses de se remodeler.