L'ESSENTIEL
- La combinaison d'acétate d'abiratérone et de prednisone avec du niraparib ralentit la progression du cancer de la prostate.
- Le ralentissement est plus important chez les personnes porteuses des gènes de BRCA1 ou BRCA2.
- Toutefois, les effets secondaires étaient plus nombreux avec la combinaison qu'avec le traitement standard.
Avec plus de 59.000 nouveaux cas par an en France, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’Homme. Les pronostics sont plutôt bons avec ce type de tumeur (90 % de survie à 5 ans).
Toutefois, les chances du patient diminuent fortement s’il présente un cancer avancé où les cellules se sont propagées à d'autres parties du corps ou s’il est porteur de mutation génétique au niveau des gènes du système HRR (Homologous Recombination Repair). Il s’agit des gènes impliqués dans la réparation des cassures double-brin de l'ADN comme BRCA1, BRCA2, CHEK2 et PALB2.
Les chercheurs d’University College of London offrent un nouvel espoir à ces malades. Ils ont découvert une nouvelle combinaison de médicaments pouvant retarder considérablement la progression de ce cancer de la prostate.
Cancer de la prostate : le risque de croissance de la tumeur réduit jusqu’à 48 %
Afin de trouver les meilleurs traitements pour les patients porteurs de mutations génétiques rendant le cancer de la prostate plus agressif, l’équipe a recruté 696 hommes ayant une tumeur maligne à la prostate dans 32 pays. L’âge médian était de 68 ans. Plus de la moitié (55,6 %) des participants présentaient des altérations des gènes BRCA1 ou BRCA2.
La moitié d’entre eux a reçu la nouvelle thérapie combinée testée par les médecins. C'est-à-dire le traitement standard appelé acétate d'abiratérone et de prednisone (AAP) avec du niraparib (un anticancéreux ciblé connu de la classe des inhibiteurs de PARP1). Les autres volontaires avaient un traitement standard et un placebo. Les patients ont été suivis pendant un temps médian de plus de deux ans et demi (30,8 mois).
Les analyses des données ont montré que le niraparib et l'AAP pris ensemble ont réduit le risque de croissance du cancer de 37 % par rapport au traitement standard seul chez tous les patients et de 48 % dans le sous-groupe de patients présentant des mutations BRCA1 ou BRCA2.
Le temps écoulé jusqu'à ce que les symptômes empirent était deux fois important pour les malades ayant pris la combinaison de médicaments que les autres. Ce qui a réduit le nombre de patients présentant une aggravation notable de leurs troubles de 34 % à 16 %.
De plus, les chercheurs ont aussi observé une tendance à l'amélioration de la survie globale dans le groupe niraparib. "
Cependant, un suivi plus long est nécessaire pour confirmer que le début du niraparib pour cette population de patients améliore l'espérance de vie", précisent-ils dans leur
communiqué.

Cancer de la prostate et niraparib : des résultats prometteurs mais plus d’effets secondaires
Pour les chercheurs, la mise en lumière de cette nouvelle combinaison de médicaments est prometteuse. "Bien que les traitements standards actuels soient très efficaces pour la majorité des patients atteints d'un cancer de la prostate avancé, une petite, mais très importante proportion de patients en tire un bénéfice limité. Nous savons maintenant que les cancers de la prostate avec des altérations des gènes HRR représentent un groupe important de patients dont la maladie récidive rapidement et évolue de manière agressive. En l’associant au niraparib, nous pouvons retarder la récidive du cancer et, espérons-le, prolonger considérablement l'espérance de vie", confie le Professeur Attard, auteur de l'étude.
La nouvelle combinaison, présentée dans Nature Medicine, était généralement bien tolérée. Cependant, le groupe niraparib a présenté davantage d’effets secondaires, précisent les scientifiques. Plus d'anémies et d'hypertensions artérielles ont été enregistrées avec la combinaison. 25 % des patients ont eu besoin de transfusions sanguines. Les décès liés au traitement étaient également plus élevés dans le groupe niraparib (14 contre 7). En revanche, les taux d'abandon du traitement étaient restés globalement faibles.
Des nouvelles études confirmant les données sont nécessaires avant une application clinique.