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Neurologie

Démence : les antipsychotiques sont liés à plus de méfaits qu'on ne le pensait

Par Chloé Savellon

L’utilisation de neuroleptiques chez les adultes souffrant de démence est associée à des risques élevés d'un large éventail d'effets indésirables graves.

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Une hausse significative des risques pour presque tous les effets indésirables évalués a été observée chez les patients souffrant de démence et prenant des antipsychotiques.
Les chercheurs ont noté une augmentation particulièrement forte pour la pneumonie, les lésions rénales aiguës, les accidents vasculaires cérébraux et la thromboembolie veineuse dans les 90 premiers jours suivant une prescription.
Pour presque tous les effets secondaires, les risques étaient les plus élevés au cours de la première semaine de traitement antipsychotique.

En cas de démence, les antipsychotiques, qui réduisent les symptômes comportementaux et psychologiques, sont pris par les patients. Problème : ces médicaments ont été pointés du doigt pour des problèmes de sécurité dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux et à cause d’un risque élevé de décès. Pourtant, ils sont toujours largement prescrits pour traiter la dépression, l'agressivité, l'anxiété, l'irritabilité, le délire et la psychose en raison de preuves moins concluantes. Dans une récente étude, publiée dans la revue British Medical Journal (BMJ), des chercheurs britanniques ont ainsi voulu évaluer les risques de multiples effets secondaires associés à l’utilisation de neuroleptiques chez les personnes atteintes de démence.

Antipsychotiques : la rispéridone, la quétiapine, l'halopéridol et l'olanzapine étaient les plus prescrits

Dans le cadre de leurs travaux, ils ont recruté 173.910 adultes (dont 63 % de femmes), âgés en moyenne de 82 ans, diagnostiqués avec une démence entre janvier 1998 et mai 2018 et n’ayant pas bénéficié d’antipsychotiques au cours de l’année précédant leur diagnostic. L’équipe a aussi identifié 35.339 patients à qui on a prescrit un neuroleptique à la date ou après la date de leur diagnostic de démence. Selon les données, les antipsychotiques les plus couramment prescrits étaient la rispéridone, la quétiapine, l'halopéridol et l'olanzapine, qui représentaient ensemble près de 80 % de toutes les prescriptions.

Pour les recherches, les principaux critères de jugement étaient les accidents vasculaires cérébraux, les maladies veineuses thromboemboliques, les crises cardiaques, l'insuffisance cardiaque, les arythmies ventriculaires, les fractures, la pneumonie et les lésions rénales aiguës. Les scientifiques ont aussi pris en compte des facteurs potentiellement influents, notamment les caractéristiques personnelles du patient, son mode de vie, ses problèmes de santé préexistants et les médicaments prescrits.

Démence : plus de risques de pneumonie chez les patients prenant des antipsychotiques

Les résultats ont montré que l'utilisation d'antipsychotiques était associée à des risques accrus pour tous les critères de jugement, à l'exception de l'arythmie ventriculaire. Dans le détail, au cours des trois premiers mois de traitement, les taux de pneumonie parmi les patients prenant des antipsychotiques étaient de 4,48 % contre 1,49 % pour les non-utilisateurs. À un an, ce taux s'élevait à 10,41 % pour les consommateurs d'antipsychotiques contre 5,63 % pour les non-utilisateurs. "L'utilisation de neuroleptiques était aussi associée à des risques élevés de thromboembolie veineuse, d’accident vasculaire cérébral, de fractures, d’infarctus du myocarde et d’insuffisance cardiaque", peut-on lire dans l’étude.

D’après les auteurs, les risques se sont avérés les plus élevés peu de temps après le début du traitement, "ce qui souligne la nécessité d'une prudence accrue dans les premiers stades du traitement. (…) Les avantages potentiels d'un traitement antipsychotique doivent être comparés avec le risque de préjudice grave et les plans de traitement doivent être revus régulièrement", ont-ils conclu.