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Neuroscience

Cerveau : comment les émotions influent sur notre mémoire

Par Jean-Guillaume Bayard

Devant un film ou une série, les scènes qui laissent le plus de traces dans les souvenirs sont celles à fortes émotions, ce qui souligne que la mémoire se lie fortement aux émotions.

Tero Vesalainen/iStock
Lorsque deux personnes regardent un film ensemble, leur cerveau peut devenir similaire, comme s'il était synchronisé, notamment à des moments particulièrement engageants.
Les souvenirs des participants des événements dans les récits étaient similaires et liés à des moments particulièrement engageants des histoires.

Le fonctionnement de la mémoire reste un domaine de recherche de premier plan pour les neuroscientifiques qui cherchent à la décoder. Récemment, des scientifiques ont mis en évidence les mécanismes cérébraux engagés pour consolider la mémoire pendant le sommeil. Dans une nouvelle recherche, dont les résultats ont été présentés le 17 août dans la revue PNAS, des scientifiques américains de l’université de Chicago ont étudié le processus de mémorisation de personnes devant une série ou un film. Ils ont constaté que les scènes à fortes émotions laissent une trace plus marquante, soulignant l’influence que la mémoire se lie fortement aux émotions.

Une scène de vie quotidienne

Pour cette étude, les chercheurs ont souhaité étudier l'attention et la mémoire dans un contexte de vie quotidienne plutôt qu’au travers de tests psychologiques traditionnels, dans lesquels les gens s'obligent à se concentrer sur une tâche spécifique. “Nous étions intrinsèquement curieux de savoir ce qui se passe dans le cerveau lorsque les gens sont immergés dans quelque chose comme un film intéressant”, abonde Hayoung Song, chercheur au département de psychologie de l'université de Chicago et auteur principal de l’étude

Les chercheurs ont observé le processus de mémorisation de volontaires qui ont regardé un épisode de l'émission télévisée Sherlock ou écouté une histoire audio-narrée. L’évaluation des participants s’est faite de deux manières. Tout en regardant ou en écoutant, un premier groupe a évalué en permanence leur propre engagement avec les récits. Celui-ci a été comparé avec un second groupe qui a regardé le même épisode télévisé ou écouté la même histoire pendant que leur cerveau était scanné.

Les cerveaux des spectateurs sont presque synchronisés

Les résultats ont montré que l'engagement auto-déclaré des participants est synchronisé entre les individus, c'est-à-dire que la plupart des gens ont déclaré être engagés de la même manière aux mêmes moments. Ces moments ont également été motivés par le contenu émotionnel des récits. Pendant ce temps, les IRM ont montré un schéma similaire d'activité cérébrale : aux mêmes moments engageants des histoires, les mêmes zones du cerveau des gens se sont allumées et les mêmes zones du cerveau des gens se sont connectées.

Nos résultats suggèrent que lorsque deux personnes regardent un film ensemble, leur cerveau peut devenir similaire, comme s'il était synchronisé, a constaté Hayoung Song. La synchronie était particulièrement prononcée à des moments particulièrement engageants. Cela indique que les gens ressentent un degré similaire d'engagement et de fluctuation attentionnelle lorsqu'ils traitent des récits.”

Les mêmes souvenirs

Dans une deuxième phase, une fois que les participants ont fini de regarder et d'écouter les histoires, les chercheurs leur ont demandé de décrire ce qu'ils avaient vu ou entendu avec autant de détails que possible. Les souvenirs des participants des événements dans les récits étaient similaires et liés à des moments particulièrement engageants des histoires. “En observant simplement l'activité cérébrale, nous avons pu produire un modèle capable de prédire de manière dynamique l'évolution de l'engagement attentionnel au fil du temps, affirme le chercheur en psychologie. Et les mêmes signatures cérébrales qui reflétaient le degré d'engagement prédisaient également si les gens se souviendraient de certains événements plus souvent que d'autres.”

Pour les scientifiques la prochaine étape de recherche constituera l’étude des pertes de concentration. Dans le cas de cette étude, cela s'est produit le plus souvent pendant les moments d'exposition, lorsque des informations de base étaient présentées, mais que l'intrigue n'avançait pas.