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Bétaïne

Schizophrénie : un supplément issu de la betterave pourrait réduire les symptômes

Par Jean-Guillaume Bayard

La bétaïne, un nutriment que l’on trouve notamment dans la betterave, permet de traiter de nombreux dysfonctionnements caractéristiques de la schizophrénie et de restaurer une structure et des connexions neuronales saines.

Povozniuk/iStock
La bétaïne se retrouve également dans les épinards crus et les fruits de mer.
La quantité de bétaïne diminue dans le cerveau des patients schizophrènes.
Un supplément permet aux squelettes cellulaires de reprendre une forme normale.

La betterave est porteuse de nombreux bienfaits santé. Très riche en nitrate, elle permet d’améliorer les performances sportives et favorise une meilleure santé vasculaire et cognitive chez les personnes âgées. La bétaïne, autre nutriment contenu dans la betterave mais que l’on trouve également dans les épinards crus et les fruits de mer, soulagerait les symptômes de la schizophrénie. Des neurologues de l’université de Tokyo rapportent qu’un supplément de bétaïne permet de traiter de nombreux dysfonctionnements caractéristiques de cette maladie et de restaurer une structure et des connexions neuronales saines. Ils ont présenté les résultats de leur étude le 13 avril dans la revue Cell Reports.

Le squelette cellulaire retrouve sa forme

Des études génétiques antérieures ont identifié des liens possibles entre la schizophrénie et les variations d'un gène de la famille kinésine 3b (kif3b), ainsi que d’un autre gène impliqué dans la synthèse interne de la bétaïne par l'organisme. Dans cette étude, les neurologues ont concentré leurs recherches sur 45 gènes de la kinésine, dont la plupart codent pour des protéines “motrices” qui déplacent les matériaux dans la cellule. En temps normal, la protéine kif3b se lie avec une autre protéine de la famille kinésine et transporte les matériaux à travers un neurone le long du squelette de la cellule. Chez les personnes schizophrènes, ce circuit est entravé et la forme du squelette cellulaire se modifie.

Les chercheurs ont mené leur étude sur des souris présentant une mutation génétique responsable de la schizophrénie. Ces rongeurs ne présentent qu’une seule copie fonctionnelle du gène kif3b, les amenant à éviter les interactions sociales et montrer des réponses affaiblies et similaires à celles de patients humains atteints de schizophrénie.

Un futur traitement de la schizophrénie ?

Cette étude a révélé qu’une fois supplémentées en bétaïne, les souris ont retrouvé un comportement “normal”, plus social. Pour comprendre le processus derrière ce retour à la normale, les chercheurs ont marqué in vitro des cellules nerveuses qui présentent la mutation kif3b par fluorescence. Ils ont constaté que la bétaïne conduit le squelette cellulaire à reprendre une forme normale. Alors que les neurones mutants Kif3b avaient de très longues branches avec trop de dendrites, la bétaïne a contribué à leur redonner une structure plus saine. Le complément alimentaire semble protéger une protéine cruciale pour le cerveau : CRMP2. Cela permet aux neurones mutants kif3b de se reconstruire selon une structure appropriée.

Nous savons que la quantité de bétaïne diminue dans le cerveau des patients schizophrènes, donc cette étude suggère fortement que la bétaïne pourrait être thérapeutique pour certains types de schizophrénies au moins”, ont conclu les chercheurs. Ces derniers ont prévu de mener des essais cliniques pour étudier la bétaïne comme possible traitement de la schizophrénie.