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Évolution

Les six émotions qui vous font crier

Par Jean-Guillaume Bayard

Contrairement aux animaux, les humains sont capables de crier de joie, ce qui serait le résultat de l'évolution. De manière plus étonnante, les cris non alarmants sont perçus et traités par le cerveau plus efficacement que les cris alarmants.

sefa ozel/iStock
Les six émotions capables de nous faire crier sont la douleur, la colère, la peur, le plaisir, la tristesse et la joie.
Le fait que le cerveau percoive plus rapidement les cris non alarmants pourrait être probablement due aux exigences de contextes sociaux évolués et complexes chez les humains.

Crier n’est pas mauvais, cela a même des vertus thérapeutiques. S’époumoner peut par exemple permettre d’évacuer le stress lié à la crise sanitaire actuelle. Mais attention à ne pas trop crier sur ses enfants car une éducation sévère peut nuire à leur bon développement. Il est possible de crier pour exprimer d’autres émotions. Des chercheurs suisses de l’université de Zurich suggèrent qu’il en existe six. Dans une étude publiée le 13 avril dans PLOS Biology, ils passent en revue ces émotions et avancent que les cris non alarmants sont perçus et traités par le cerveau plus efficacement que les cris alarmants. 

Les animaux ne crient pas quand ils sont heureux 

À l’inverse des animaux, pour qui les cris sont utilisés comme un signal d'alarme en cas de danger, les humains peuvent s’égosiller pour exprimer des émotions positives. Des études antérieures ont été menées sur le sujet mais elles s'étaient uniquement concentrées sur des cris de peur. Dans cette nouvelle recherche, les scientifiques ont examiné quelles émotions, peu importe qu’elles soient positives ou négatives, sont susceptibles de nous faire crier.

Pour l’étude, les chercheurs ont demandé à 12 volontaires de vocaliser des cris positifs et négatifs qui pourraient être provoqués par diverses situations. Un autre groupe de participants a dû évaluer l’émotion qui a provoqué ces cris et les classer en différentes catégories pendant qu’ils subissaient une analyse de leur cerveau à l’aide d’une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).

Les cris de joie, un résultat de l’évolution

Après l’analyse des résultats, les chercheurs ont estimé qu’il y a six émotions capables de nous faire crier : la douleur, la colère, la peur, le plaisir, la tristesse et la joie. Ils ont également découvert, avec surprise, que les auditeurs ont répondu plus rapidement et plus précisément, et avec une sensibilité neuronale plus élevée, aux cris non-alarmants et positifs qu'aux cris alarmants. Plus précisément, ils ont suscité plus d'activité dans de nombreuses régions cérébrales auditives et frontales.

Les résultats de notre étude sont surprenants, a conclu Sascha Frühholz, autrice principale de l’étude et chercheuse à l’université de Zurich. Les chercheurs supposent généralement que le système cognitif des primates et des humains est spécifiquement réglé pour détecter les signaux de danger et de menace dans l'environnement en tant que mécanisme de survie, censé être le but principal de la signalisation communicative dans les cris. Bien que cela semble vrai pour la communication des cris chez les primates et d'autres espèces animales, la communication des cris semble s'être largement diversifiée chez les humains, ce qui représente une étape évolutive majeure. Les humains partagent avec d'autres espèces le potentiel de signaler un danger en criant, mais il semble que seuls les humains crient pour signaler également des émotions positives telles que la joie et le plaisir extrêmes. La signalisation et la perception de ces émotions positives dans les cris semblent avoir gagné la priorité chez les humains par rapport à la signalisation d'alarme. Ce changement de priorité pourrait être probablement due aux exigences de contextes sociaux évolués et complexes chez les humains.”