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A l'essai à Hong Kong

Coronavirus : une trithérapie antivirale montre des résultats prometteurs

Pour lutter contre le contre le SARS-CoV-2, des chercheurs chinois ont annoncé des résultats prometteurs concernant une trithérapie antivirale de deux semaines combinée aux soins standards. 

Coronavirus : une trithérapie antivirale montre des résultats prometteurs Wildpixel/iStock




L'ESSENTIEL
  • Un essai de trithérapie antivirale a donné des résultats prometteurs contre la Covid-19
  • Mais cet essai n'incluait pas de cas graves de la maladie

Si la France commence son déconfinement, le coronavirus est encore loin d’être vaincu. Aussi, les études pour trouver un traitement efficace contre le SARS-CoV-2 continuent dans le monde entier. Vendredi 8 mai, des chercheurs ont annoncé des résultats prometteurs concernant une trithérapie antivirale (interféron bêta-1b, lopinavir-ritonavir et ribavirine) de deux semaines combinée aux soins standards, dans leur étude parue dans la revue The Lancet. Cependant, ces résultats n’incluent pas les cas graves de Covid-19. Aussi, de plus vastes essais de phases 3 seront nécessaires pour assurer l’efficacité de cette triple combinaison chez les patients en état critique. 

En 2003, lors de l’épidémie de SRAS, des recherches antérieures avaient déjà montré qu’une combinaison de lopinavir-ritonavir par voie orale (à l’origine utilisée pour traiter le VIH) et de ribavirine (un médicament à prendre par voie orale contre l’hépatite C) réduisait efficacement l’insuffisance respiratoire et la mortalité chez les malades. L’interféron bêta-1b, développé pour traiter la sclérose en plaques (SEP), s’est ensuite révélé utile pour réduire la charge virale et améliorer les problèmes pulmonaires dans les études animales sur l’infection par le coronavirus du MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) apparu en 2012.

L’étude actuelle a eu lieu à Hong Kong, où toute personne dépistée positive au Covid-19 est admise à l’hôpital. Les chercheurs ont suivi 127 patients d’un âge moyen de 52 ans présentant des symptômes légers à modérés du Covid-19 dans six hôpitaux publics. Ils ont commencé à les traiter cinq jours en moyenne après l’apparition des signes cliniques. Les participants ont été affectés au hasard à 14 jours de triple combinaison orale de lopinavir-ritonavir et de ribavirine toutes les 12 heures. On leur a également administré jusqu’à trois doses d’interféron bêta-1b injectables sur des jours alternatifs. Le groupe témoin a quant à lui reçu du lopinavir-ritonavir toutes les 12 heures.

Une combinaison qui semble “sûre et bien tolérée par les patients”

En parallèle, les deux groupes de patients ont reçu des soins standards ainsi qu’un soutien de ventilation, de dialyse, des antibiotiques et des corticostéroïdes. Au cours de l’étude, les chercheurs ont examiné l’évolution des cliniques des symptômes et les changements dans les résultats de laboratoires, ainsi que la dispersion virale des patients via des tests réguliers.

Ils ont ainsi pu constater que la charge virale des patients traités par trithérapie disparaissait plus rapidement que celle du groupe témoin, traité avec du lopinavir-ritonavir seul. Qui plus est, 52 sujets ayant suivi un traitement combiné avec interféron bêta-1b dans les sept jours après les premiers symptômes ont présenté de meilleurs résultats cliniques et virologiques que le groupe témoin traité dans le même délai. En revanche, pour les personnes traitées sept jours ou plus après l’apparition des symptômes, les chercheurs n’ont observé aucune différence entre les résultats du traitement combiné et des groupes témoins. Enfin, aucune différence n’a été observée concernant les effets secondaires entre les groupes de traitement.

Notre essai démontre qu’un traitement précoce du Covid-19 léger à modéré avec une triple combinaison de médicaments antiviraux peut rapidement réduire la quantité de virus dans le corps d’un patient, soulager les symptômes et réduire le risque pour les soignants en réduisant la durée et quantité de dispersion virale (lorsque le virus est détectable et potentiellement transmissible). En outre, la combinaison de traitements semblait sûre et bien tolérée par les patients”, commente le professeur Kwok-Yung Yuen de l’université de Hong Kong.

“Nous devrons confirmer les résultats dans des essais de phase 3 plus importants”

Cela pourrait s’expliquer car, comme la grippe, la charge virale du Covid-19 culmine au moment de l’apparition des symptômes. Qui plus est, une combinaison d’antiviraux pourrait minimiser le risque de résistance aux médicaments.

Les chercheurs admettent toutefois quelques limites à leurs travaux. En effet, il s’agit ici d’une étude ouverte dans lesquels scientifiques et patients connaissent le traitement qu’ils reçoivent. Qui plus est, il n’y avait pas de groupe placébo et aucun patient en état critique n’a été incorporé dans l’essai. Ainsi, le travail est loin d’être fini.

Malgré ces résultats encourageants, nous devons confirmer dans des essais de phase 3 plus importants que l’interféron bêta-1b seul ou en combinaison avec d’autres médicaments, est efficace chez les patients atteints d’une maladie plus grave (chez qui le virus a eu plus de temps pour se répliquer)”, conclut Kwok-Yung Yuen dont les travaux avaient déjà montré que, dans certains cas, le SARS-CoV-2 peut se répliquer jusqu’à 100 fois en 48 heures, contre 10 à 20 fois avec le SARS-CoV de 2003.

S’ils sont les premiers à y associer la ribavirine, les chercheurs de Hong Kong ne sont pas les seuls à s’intéresser à la combinaison lopinavir/ritonavir et interféron bêta. Ce traitement est notamment étudié dans le cadre de l’essai européen Discovery. Dans cette étude menée sur des milliers de patients dans une dizaine de pays européens, les sujets suivis sont répartis en cinq groupes. Outre le groupe qui se voit administré la combinaison lopinavir/ritonavir et intérféron bêta, un autre reçoit du lopinavir/ritonavir seulement tandis que d’autres sujets testent l’hydroxychloroquine tant vantée par le professeur Didier Raoult, et du remdesivir, un antiviral expérimental initialement développé par l’américain Gilead contre Ebola qui vient d’être autorisé en urgence aux Etats-Unis par la FDA ou encore des soins classiques, sans molécule expérimentale. Malheureusement, on ignore encore quand les résultats de l’étude seront dévoilés, cette dernière ayant pris énormément de retard. Notamment à cause de la difficulté des pays européens à accorder leur violon.

 

 

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