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Dengue, palu, Zika... pour réduire les maladies, l'ONU veut stériliser les moustiques

Par Raphaëlle de Tappie

Pour réduire le nombre de morts dues aux infections propagées par piqûres de moustiques, l'ONU veut essayer de réduire ces insectes dans le monde en stérilisant les mâles. 

IMNATURE/ISTOCK

Chaque année, les moustiques sont responsables de centaines de milliers de morts. A titre d’exemple, en 2107, le paludisme a entraîné 435 000 morts, tandis que la dengue tue environ 20 000 personnes par an, dont une très forte proportion d’enfants. Mais ces insectes sont également responsables de l’infection à Zika, de la fièvre jaune ou encore du chikungunya, des virus eux-aussi potentiellement mortels. Pour enrayer ce fléau, l’ONU a annoncé jeudi 14 novembre qu’elle allait examiner s’il était possible de réduire le nombre de moustiques dans le monde en traquant et stérilisant les mâles.

Cela fait déjà plus de cinquante ans que les agriculteurs utilisent la technique de l’insecte stérile (TIS) pour lutter contre les ravageurs. Il s’agit de disséminer des insectes élevés en laboratoires et rendus stériles par irradiation. Ainsi, les moustiques mâles stérilisés pourront s’accoupler mais pas se reproduire.

Grâce à des tests, les chercheurs ont déjà pu voir que cette technique réduisait la population des moustiques mais on ignore encore si cela pourra avoir une réelle incidence sur la transmission des maladies.

Des tests qui devraient durer plusieurs années

Le Programme spécial de l'ONU sur la recherche et de formation concernant les maladies tropicales (TDR) s’est donc associé avec l’OMS, l'Agence internationale de l'énergie atomique et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation pour élaborer un programme pilote à destination des pays intéressés par cette technique. Les Etats sélectionnés seront connus début 2020 et les tests devraient avoir lieu pendant plusieurs années.

Appliquer cette technique pour tenter de limiter la transmission de maladies "pourrait être réellement significatif", a déclaré Florence Fouque, qui travaille au sein du programme, lors d’une conférence de presse à Genève en Suisse.

L’OMS a particulièrement d’espoirs en ce qui concerne la dengue. Car son incidence mondiale progresse d’années en années. Désormais, environ trois millions de cas sont déclarés tous les ans dans plus d'une centaine de pays. Et ce chiffre ne représente que 20% des cas réels, s’inquiète Raman Velayudhan, coordinateur du Département des maladies tropicales négligées à l'OMS. L’Organisation espère donc que cette nouvelle technique de stérilisation réduira le nombre de cas de dengue "d'au moins 25% entre 2025 et 2030".

Le vaccin contre la dengue inefficace  

La dengue inquiète d’autant plus que le seul vaccin qui ait jamais été mis au point contre la maladie est inefficace. Récemment, une étude publiée dans la revue PLOS Pathogens a montré que le sérotype 2 du virus possédait différentes morphologies lui permettant d'échapper au système immunitaire humain. Effectivement, DENV2 présente des particules de surface sphérique et lisse qui se développent à la température physiologique du moustique, soit 29 °C. Une fois à la température physiologique humaine de 37 °, les particules adoptent une surface irrégulière. 

Et s’il est possible de se faire vacciner contre la fièvre jaune ou l’encéphalite japonaise, rien n’existe concernant la malaria, Zika ou Chikunguya. Pour les personnes partant faire un voyage de courte durée, il est toutefois possible de se protéger du palu via des médicaments comme la Malarone. Ces derniers sont toutefois chers et pas exempts d’effets secondaires.

Si vous partez dans une zone à risque, le plus prudent reste donc d’éviter les moustiques au maximum, de jour comme de nuit. Portez des vêtements couvrants, utilisez des produits répulsifs adaptés sur les vêtements et sur les parties découvertes du corps. Utilisez des moustiquaires imprégnées d'insecticide et des diffuseurs électriques d’insecticides en intérieur et méfiez vous des eaux stagnantes, paradis de prolifération des moustiques.