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Rapport taille/hanches

L’obésité serait associée à une réduction de la taille du cerveau

Par Charlotte Arce

Un excès de graisse au niveau de l’abdomen serait associé à une diminution du volume de certaines zones cérébrales.

Ljupco/iStock

Documentés et étayés par de nombreuses scientifiques, les risques que font peser le surpoids et l’obésité sur la santé sont aujourd’hui bien connus du grand public. Outre les complications cardiovasculaires, les personnes ayant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30, et donc considérées comme obèses, sont sujettes au diabète du type 2, exposées à un risque plus élevé de cancer, principalement du côlon et du sein, et souffrent davantage d’arthrose.

Ce que l’on ignorait il y a encore quelques années, c’est que l’obésité peut aussi avoir des conséquences sur le développement du cerveau. "Les recherches existantes ont lié le rétrécissement du cerveau au déclin de la mémoire et à un risque accru de démence, mais les recherches visant à déterminer si un excès de graisse corporelle protège ou nuit à la taille du cerveau n'ont pas été concluantes", explique le Pr Mark Hamer, de l'Université de Loughborough, en Angleterre. "Nos recherches ont porté sur un groupe important de personnes et ont montré que l'obésité, en particulier au niveau du ventre, pouvait être liée au rétrécissement du cerveau."

La mesure déterminante du rapport taille/hanches

Son étude, publiée dans Neurology, la revue médicale de l'American Academy of Neurology, met en lumière l’impact qu’a la graisse corporelle abdominale sur la taille du cerveau. Pour l’étudier, l’équipe s’est basée sur l’étude de 9 652 personnes âgées en moyenne de 55 ans. 19% d’entre elles étaient obèses. L’IMC, le rapport taille/hanches et la graisse corporelle globale de chaque participant ont été mesurés.

Le rapport taille/hanches consiste à diviser le tour de taille par le tour de hanche. Plus le ratio est élevé, plus le ventre de la personne est grand comparé à ses hanches. Par exemple, un homme dont le rapport taille-hanches est supérieur à 0,90 et une femme dont le ratio est supérieur à 0,85 sont considérés comme souffrant d'obésité centrale.

L'équipe de chercheurs a enfin calculé la taille du cerveau à l'aide d’une IRM et examiné les volumes de matières cérébrales blanche et grise. La matière grise comprend la majorité des 100 milliards de cellules nerveuses du cerveau, ainsi que les régions cérébrales impliquées dans la maîtrise de soi, le contrôle musculaire et la perception sensorielle. La matière blanche du cerveau contient quant à elle des faisceaux de fibres nerveuses reliant les diverses régions du cerveau.

Une diminution du volume de matière grise

Avant de tirer des conclusions, les scientifiques ont pris en compte un certain nombre de facteurs qui affectent le volume du cerveau notamment l'âge, l'hypertension artérielle, le niveau d'activité physique et tabagisme. Ils ont alors pu constater que même si un IMC élevé à lui seul était lié à un volume cérébral légèrement inférieur, ceux qui avaient un IMC élevé et un rapport taille/hanches avaient un volume cérébral de matière grise inférieur à celui des participants qui ne possédaient pas un rapport taille/hanches élevé.

Plus précisément, les chercheurs ont découvert que 1 291 personnes ayant un IMC élevé et un rapport taille-hanches élevé présentaient le plus faible volume moyen de matière grise de 786 centimètres cubes, comparativement à 3 025 personnes ayant un poids "normal" et un volume moyen de matière grise de 798 centimètres cubes. Les 514 personnes ayant un IMC élevé mais pas un rapport taille-hanches élevé avaient pour leur part un volume moyen de 793 centimètres cubes. Les scientifiques n'ont en revanche trouvé aucune différence significative dans le volume de la substance blanche dans le cerveau.

"Bien que notre étude ait révélé que l'obésité, surtout vers au niveau ventral, était associée à une diminution du volume de la matière grise dans le cerveau, il est difficile de déterminer si les anomalies de la structure du cerveau entraînent l'obésité ou si l'obésité entraîne ces changements dans le cerveau", explique le Pr Hamer. "Nous avons également trouvé des liens entre l'obésité et le rétrécissement dans des régions spécifiques du cerveau. Cela nécessitera d'autres recherches, mais il est possible qu'un jour, la mesure régulière de l'IMC et du rapport tour de taille/hanches puisse aider à déterminer la santé du cerveau."

Si les chercheurs se veulent optimistes, ils concèdent que leurs travaux présentent des limites. Parmi celles-ci, figure le fait que seuls 5% des personnes invitées à participer à l’étude y ont effectivement participé. Ces volontaires avaient tendance à être en meilleure santé, de sorte que les résultats pourraient ne pas refléter la population dans son ensemble. Affaire à suivre.