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Psychologie

Comportements compulsifs : et si c’était lié à un excès de maîtrise de soi ?

Les personnes atteintes de neuroinflammation striatale pourraient être plus enclins à des actions inadaptées et répétées orientées vers un but qu'à des habitudes.

Comportements compulsifs : et si c’était lié à un excès de maîtrise de soi ? triocean/iStock




L'ESSENTIEL
  • L’inflammation du striatum, une région du cerveau impliquée dans la prise de décision, oriente le comportement vers un choix plus réfléchi et plus conscient, plutôt que vers l'automatisme.
  • Dans certains cas, un excès de contrôle délibéré, plutôt qu'à un manque, est responsable des comportements compulsifs.
  • Les recherches suggèrent que les futures interventions futures devraient viser à rétablir un contrôle approprié de l'action.

Les comportements compulsifs sont fréquents dans de nombreux troubles de santé mentale, notamment le trouble obsessionnel-compulsif (TOC), les troubles liés à l'usage de substances et la dépendance au jeu, où les personnes répètent des actions malgré leurs conséquences négatives. "On considère généralement que les comportements compulsifs reflètent la prédominance des habitudes répétitives sur les actions orientées vers un but, rendant difficile leur déconstruction et la reprise du contrôle cognitif", ont indiqué des chercheurs de l’université de Technologie de Sydney (Australie). Pour étudier ce phénomène, ils ont mené une étude publiée dans la revue Neuropsychopharmacology.

Une prise de décision plus réfléchie et plus consciente après l’induction de la neuroinflammation striatale

Dans le cadre des travaux, l’équipe s’est appuyée sur de précédentes données montrant qu'il est fréquent que les personnes souffrant de troubles compulsifs présentent une inflammation du striatum, une région du cerveau impliquée dans la prise de décision. Ainsi, elle a décidé de reproduire la neuroinflammation striatale, en injectant l'endotoxine lipopolysaccharide dans le striatum dorsomédian postérieur, chez les rongeurs. Ensuite, les auteurs ont évalué les conséquences sur le contrôle comportemental. "De façon surprenante, les rats sont devenus plus orientés vers un but et ont continué à adapter leur comportement en fonction des résultats, même dans des situations où, normalement, les habitudes prendraient le dessus", a expliqué Laura Bradfield, neuroscientifique comportementale et auteure principale des recherches. Les analyses immunohistochimiques ont indiqué que ces comportements résultaient d'une prolifération astrocytaire (impliqué dans la protection des neurones).

Les comportements compulsifs liés à un excès de contrôle

"Afin d'approfondir cette observation, nous avons activé chémogénétiquement la voie Gi dans les astrocytes striataux, ce qui a modifié les propriétés de décharge des neurones épineux moyens voisins et modulé le contrôle des actions orientées vers un but." Selon les données, la neuroinflammation striatale suffit à orienter la sélection des actions vers un contrôle excessif des actions orientées vers un but, via un dysfonctionnement astrocytaire. Dans certains cas, les comportements compulsifs pourraient être dus à un excès de contrôle délibéré plutôt qu'à un manque. Ainsi, "si une personne se lave les mains de façon répétée par crainte des germes, elle ne le fait pas machinalement, c'est un choix conscient", a précisé Laura Bradfield.

D’après les scientifiques, les médicaments ciblant les astrocytes et réduisant la neuroinflammation, ainsi que des mesures anti-inflammatoires plus générales comme l'exercice physique ou un meilleur sommeil, pourraient ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques.

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