Maladie de Crohn, rectolite hémorragique : ces deux pathologies sont des maladies inflammatoires de l’intestin. Dans une étude parue dans Gastroenterology, des chercheurs annoncent avoir découvert l’une de leurs caractéristiques. Elles entraînent des modifications précoces de la flore intestinale.
Des changements précoces de la flore intestinale chez les patients atteints de MICI
Ces travaux réalisés par une équipe de l'Université de Birmingham rassemblent des données sur le microbiome issues de plusieurs études. Au total, les chercheurs ont analysé les données de plus de 1.700 enfants et adultes de 11 pays, récemment diagnostiqués et avant qu’ils ne reçoivent un traitement. Ils ont constaté que ces patients perdent des "bactéries anaérobies bénéfiques", notamment impliquées dans la digestion des glucides complexes. "En revanche, on observe une augmentation des bactéries oxygénotropes provenant de la bouche et migrant vers l’intestin", complètent-ils. Ces bactéries sont dites oxygénantes et contribuent à l’augmentation des taux d’oxygène dans l’intestin. D’après le gastro-entérologue Peter Rimmer, de l'Université de Birmingham, et co-auteur principal de l’étude, c’est la première fois que des travaux démontrent aussi clairement ces changements dès le début de la maladie.
"Cette recherche nous offre une vision plus précise de ce qui se passe dans l'intestin au tout début des MICI", poursuit-il. Selon lui, cela pourrait signifier que les variations du taux d'oxygène intestinal sont impliquées dans le déclenchement de l’inflammation. Concrètement, la hausse des niveaux d'oxygène dans la muqueuse intestinale pourrait perturber l'équilibre du microbiome et contribuer à la maladie. De la même façon, la migration des bactéries de la bouche vers l’intestin pourrait aussi créer un déséquilibre, à l'origine de la pathologie.
MICI : vers une amélioration du diagnostic ?
"Ces observations pourraient ouvrir la voie à un diagnostic plus précoce et à de nouveaux traitements pour les patients atteints de MICI", estime le Dr Peter Rimmer. Cela pourrait permettre de développer de nouveaux outils de diagnostic, basés sur ces découvertes. Quant aux traitements, ils pourraient agir directement sur le microbiome ou sur les niveaux d’oxygène dans l’intestin, "notamment chez les patients nouvellement diagnostiqués et ceux à haut risque", indiquent les auteurs.



