- Chez les personnes buvant de l’alcool, le risque de développer un cancer de la bouche est 68 % plus élevé.
- Le risque le plus élevé est lié à la consommation fréquente d'alcool artisanal.
- L'effet cumulatif du tabac à mâcher serait responsable de plus de 60 % des cas en Inde, où l’étude a été menée.
"Si une grande partie des cancers de la cavité buccale est attribuée au tabagisme, le rôle de l'alcool reste mal connu", ont indiqué des chercheurs de l’Institut national Homi Bhabha en Inde, où les boissons alcoolisées comprennent des alcools de marque internationale et des alcools de fabrication locale, dont la contribution au risque de cancers de la cavité buccale pourrait varier. Dans le cadre d’une étude, parue dans la revue BMJ Global Health, l’équipe a évalué le lien entre la consommation de boissons alcoolisées locales et importées et le risque de développer un cancer de la bouche (lèvres, langue mobile, plancher buccal, gencives, palais, face interne des joues…).
Pour mener à bien travaux, elle a comparé 1.803 personnes atteintes d'un cancer de la cavité buccale confirmé, dont près de la moitié avaient entre 25 et 45 ans, à 1.903 adultes en bonne santé, sélectionnés aléatoirement dans cinq centres différents entre 2010 et 2021. Les participants ont rempli un questionnaire sur la quantité, la fréquence de consommation (journalière ou hebdomadaire) et la durée totale de consommation de 11 boissons reconnues internationalement (bière, whisky, vodka, rhum et boissons alcoolisées aromatisées) et 30 boissons locales (apong, bangla, chulli, desi daru et mahua). Les volontaires ont également été interrogés sur la durée et le type de consommation de tabac afin d’examiner l'interaction entre l'alcool et le tabac sur le risque de cancer de la bouche.
Cancer de la bouche : les boissons alcoolisées locales sont liées à un risque plus élevé
Les résultats ont montré que parmi les cas, 1.019 ont déclaré ne pas consommer d'alcool contre 1.420 dans le groupe témoin et 781 cas ont déclaré en consommer, contre 481 adultes en bonne santé. La durée moyenne de consommation de tabac était plus élevée chez les personnes cancéreuses (environ 21 ans) que dans le groupe témoin (environ 18 ans). Les patients souffrant d’un cancer de la bouche étaient également plus susceptibles de vivre en zone rurale et de consommer davantage d'alcool quotidiennement : près de 37 g contre environ 29 g.
Selon les auteurs, le risque de développer une tumeur était 68 % plus élevé chez les consommateurs d’alcool, atteignant 72 % pour les consommateurs de marques internationales et 87 % pour ceux qui optaient pour des boissons alcoolisées locales. "La consommation de 9 grammes d'alcool par jour augmente le risque de cancer de la cavité buccale d'environ 50 % et 62 % des cas pourraient être attribués à la consommation d'alcool et de tabac à mâcher, avec une fraction attribuable à la population globale de 11,3 % pour l'Inde", peut-on lire dans les recherches.
"Il n'existe pas de seuil de consommation d'alcool sans risque de cancer de la cavité buccale"
D’après les scientifiques, l'éthanol pourrait modifier la composition lipidique de la cavité buccale, augmentant ainsi sa perméabilité et, par conséquent, sa sensibilité à d'autres substances potentiellement cancérigènes présentes dans les produits du tabac à mâcher. Autre explication : "une possible contamination par des toxines, telles que le méthanol et l'acétaldéhyde, dans l'alcool produit localement pourrait expliquer le risque accru associé à ces boissons, dont la fabrication est largement non réglementée. (…) Notre étude démontre qu'il n'existe pas de seuil de consommation d'alcool sans risque de cancer de la cavité buccale. Nos résultats suggèrent que des mesures de santé publique visant à prévenir la consommation d'alcool et de tabac pourraient permettre d'éliminer en grande partie ce cancer en Inde."


