- Le cortex préfrontal humain se développe plus lentement que celui du macaque, mais avec plus de complexité.
- Cette lenteur serait liée à nos capacités cognitives et à notre vulnérabilité aux troubles neurologiques.
- Des gènes humains spécifiques pourraient offrir de nouvelles pistes thérapeutiques.
Le développement du cerveau humain cache encore bien des mystères. Une étude récente, publiée dans la revue Nature Neuroscience, compare les cerveaux postnataux d'humains et de macaques, et révèle une différence cruciale : le cortex préfrontal humain (PFC), région clé de la pensée complexe, met plus de temps à se développer. Une lenteur qui serait en réalité un atout pour notre espèce.
La lenteur, un moteur de complexité cognitive
Les chercheurs du Beijing Normal University et du Changping Laboratory, en Chine, ont analysé des tissus cérébraux prélevés chez des enfants épileptiques (dans un cadre chirurgical) et chez des macaques. Leur objectif : comparer le développement postnatal du PFC à l'échelle de la cellule unique. Pour cela, ils ont croisé plusieurs techniques : expression génique, accessibilité de la chromatine (le degré d'ouverture de l'ADN dans la cellule), et transcriptomique spatiale (cartographie génétique du tissu).
Selon les auteurs, ces analyses ont permis de décrire des trajectoires spécifiques à chaque espèce, liées à des processus essentiels comme la formation des synapses, leur élagage, ou encore le développement des cellules gliales : "Nous avons identifié les fenêtres clés et les réseaux de gènes régulateurs propres à chaque espèce", expliquent-ils dans un communiqué.
Vers de nouvelles pistes pour les troubles neurologiques
L’étude montre ainsi que chez l’humain, le cortex préfrontal continue à se développer plus longtemps, avec une prolifération accrue de cellules progénitrices gliales (des cellules souches à l’origine des cellules de soutien du cerveau). Ce développement prolongé pourrait expliquer certaines capacités cognitives uniques à l’humain, mais aussi sa vulnérabilité face aux troubles neurodéveloppementaux.
En identifiant les cellules et gènes spécifiquement humains, les chercheurs ouvrent la voie à une meilleure compréhension des pathologies comme l’autisme ou la schizophrénie. Certaines des cellules détectées sont en effet connues pour être altérées dans ces maladies. Cette recherche pourrait ainsi mener à de nouvelles stratégies préventives ou thérapeutiques.


