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Grossesse

Diabète gestationnel : faire du sport et limiter sa prise de poids n'est pas suffisant

Par Charlotte Arce

Une nouvelle étude jette le doute sur les recommandations faites aux femmes enceintes pour éviter de développer un diabète gestationnel. Selon ses auteurs, seuls les facteurs de risque de chaque femme devraient être pris en considération.

dolgachov/iStock

Survenant chez la femme enceinte vers la fin du 2e trimestre de grossesse, le diabète gestationnel ou "diabète de grossesse" est une intolérance aux glucides. Comme pour le diabète, le diabète gestationnel entraîne un excès de sucre dans le sang, ce que l’on appelle une hyperglycémie chronique.

7% des femmes enceintes concernées

Touchant environ 7 % des femmes enceintes, le diabète gestationnel peut entraîner de nombreux risques pour le futur bébé. Le principal est la macrosomie, c’est-à-dire un poids de naissance supérieur à 4kg, ce qui entraîne un accouchement à risque et des complications comme la dystocie des épaules. Pour la future mère, le risque le plus important est la pré-éclampsie ou toxémie gravidique, qui associe hypertension artérielle, œdèmes, prise de poids rapide.

En France, le dépistage du diabète gestationnel n’est pas systématique, mais recommandé en cas de présence de certains facteurs de risque : une surcharge pondérale, un antécédent familial ou personnel, des complications survenues lors de grossesses précédentes ou une macrosomie.

Il n’est pas non plus rare que les médecins conseillent aussi aux femmes enceintes de limiter leur prise de poids, de faire attention à leur alimentation et de pratiquer une activité physique pour prévenir l’apparition d’un diabète gestationnel.

Or, selon une nouvelle étude menée par le Pennington Biomedical Research Center de la Louisiana State University, cette prévention n’est d’aucune utilité. "Nos données suggèrent que pendant la grossesse, le bilan énergétique - les calories consommées par rapport aux calories brûlées - pourrait ne pas déterminer le développement du diabète gestationnel", affirme Leanne Redman, directrice du laboratoire d'endocrinologie de la reproduction et de santé des femmes du Pennington Biomedical Research Center. "Nous et d'autres croyons maintenant qu'il existe différents types de diabète gestationnel qui justifient des approches différentes en matière de traitement et de prévention."

Le sport et l’alimentation saine ne préviennent pas le diabète gestationnel

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont étudié pendant cinq ans les données de plus de 5 000 femmes enceintes ayant participé à des essais cliniques visant à limiter la prise de poids pour prévenir le diabète gestationnel. Mais, malgré les efforts entrepris par les futures mamans ayant amélioré la qualité de leur régime alimentaire et fait du sport, elles ont tout de même développé un diabète gestationnel au même rythme que celles n’ayant pas fait attention à leur alimentation ni pratiqué d’activité physique.

"Prévenir le diabète gestationnel n'est pas aussi simple que de réduire le gain de poids. Cela peut nécessiter des approches plus individualisées basées sur les facteurs de risque de chaque personne", explique Jasper Most, co-auteur principal de l'étude.

L’obésité comme principal facteur de risque

Si ces recommandations pour prévenir le diabète gestationnel ne sont pas nécessairement justifiées, il est au contraire primordial de prendre en considération les facteurs de risque personnels de chaque femme enceinte.

Parmi ces facteurs de risque, l’obésité est particulièrement à surveiller. En effet, durant l’étude, 62 femmes enceintes souffraient d’obésité et 9 d’entre elles ont développé un diabète gestationnel.

Les chercheurs ont ainsi constaté que les principaux facteurs de risque de diabète gestationnel, tels que l'excès de graisse et la résistance à l'insuline, étaient évidents au début de la grossesse. Par ailleurs, les femmes ayant développé un diabète gestationnel avaient tendance peser 4,5 à 16 kg de plus. Elles avaient également plus de graisse corporelle (de 3 à 11 kg) et davantage de graisse autour de la taille. Enfin, le facteur génétique n’est pas à prendre à la légère. Les femmes qui ont développé un diabète gestationnel avaient davantage de risque d’avoir des parents diabétiques.

Pour autant, les chercheurs insistent sur le fait que les femmes enceintes ne devraient pas abandonner leurs efforts pour maîtriser leur poids pendant la grossesse. "Mais les résultats soulignent la nécessité de mieux comprendre la façon dont le diabète gestationnel se développe chez les femmes obèses", conclut le Dr Redman.