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Mort de Naomi Musenga: Le paracétamol, un médicament courant et parfois caché

La mort de Naomi Musenga, des suites d'une intoxication au paracétamol, en décembre dernier, rappelle que le surdosage de cet antidouleur courant dans nos armoires à pharmacie est fréquent et dangereux. C'est un médicament et il doit être utilisé selon les règles.

Mort de Naomi Musenga: Le paracétamol, un médicament courant et parfois caché dolgachov/iStock


  • Publié le 14.07.2018 à 11h12
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  • Mise à jour le 14.07.2018 à 11h28
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Les conclusions médicales de la mort de Naomi Musenga, la jeune fille de 22 ans décédée en décembre dernier à Strasbourg, suite à un dysfonctionnement majeur du SAMU, rappelle que le surdosage de paracétamol est dangereux pour la santé.

Selon le procureur de la République de Strasbourg, Naomi serait décédée "d'une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours". Elle précise dans un communiqué que "la destruction évolutive des cellules de son foie a été étendue à l'ensemble de ses organes conduisant rapidement à son décès". 

Plus précisément, Naomi est décédée d'une "hépatite fulminante d'origine toxique", soit en clair de la destruction de toutes les cellules de son foie, un organe essentiel au bon fonctionnement de tous les autres organes du corps. D’où un verdict de mort ou de nécessité de greffe d'au autre foie lorsqu’il ne fonctionne plus.... Mais on ne sait toujours pas pour quelle maladie et quelle douleur Naomi prenait trop de paracétamol.

Le paracétamol, un ami qui peut vous faire du mal

Malgré une apparente banalité, l'auto-médication par le paracétamol comporte des risques, notamment parce que les fortes doses, évidentes ou occultes, sont nuisibles pour le foie. En Angleterre, cet anti-douleur en vente libre est d’ailleurs très utilisé dans les tentatives de suicide par overdose massive en recherchant la mort par hépatite fulminante. S'en suivent: un œdème généralisé, y compris du cerveau, un dysfonctionnement de ce dernier (encéphalopathie) et des hémorragies généralisées.

Mais sans aller jusqu’au suicide, les surdosages accidentels de paracétamol, c’est-à-dire les prises répétées de plus de 4 grammes par jour chez l'adule (60 mg par kg et par jour chez l'enfant, font également des ravages partout. En France, comme dans la plupart des pays développés, ils sont la 1e cause d’hépatite aigüe grave nécessitant une greffe de foie !

Le paracétamol évident et le paracétamol "caché"

Le paracétamol est l’antidouleur "de niveau 1" de première intention et donc le plus utilisé. On ne connaît pas exactement son mode d’action antalgique : il a longtemps été classé comme antalgique périphérique, mais on pense désormais que son mode d’action est central, non morphinique.

Vendu pur et sans ordonnance en pharmacie sous diverses marques Doliprane, Dafalgan ou encore Efferalgan, le paracétamol calme douleurs et fièvre. Mais le paracétamol est parfois plus "caché", en étant associé à d'autres molécules dans diverses préparation contre le rhume, comme le Fervex, ou dans d'autres médicaments contre la douleur, comme l'Ixprim...

Une récente étude menée par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) démontre que le paracétamol est l'antalgique le plus prescrit et consommé en France. Sanofi et UPSA se partagent le marché. Il s'en vend près de 14 boites par seconde ou 422 millions de boites par an en France. Depuis le 1er janvier 2018, plus de 230 980 000 boites ont été vendues.

Un mécanisme toxique mieux compris

On savait jusqu’ici que cette toxicité du paracétamol pour les cellules du foie était liée à la présence dans les cellules de cet organe de quantité toxiques de calcium. Les responsables de cet afflux de calcium dans les cellules du foie s’appellent TRPM2, il s’agit de petits canaux situés dans la membrane des cellules hépatiques.

En présence "d’acétaminophène", la substance active du paracétamol, ces canaux s’ouvrent et laissent de plus en plus de calcium pénétrer dans les cellules du foie jusqu’à ce que mort s’en suive. Agir sur les canaux TRPM2 pourrait permettre d’élargir cette fenêtre d’action. 

L'importance du respect des doses journalières 

Une étude publiée en novembre dernier dans le British Journal of Clinical Pharmacology et menée sur 663 patients hospitalisés pour des lésions hépatiques graves provoquées par la prise de paracétamol, a démontré que de nombreuses personnes dépassaient la posologie quotidienne recommandée.

Or, respecter la dose maximale journalière et la dose maximale par prise est primordial. Le maximum toléré est de 3 à 4 g par jour pour un adulte (maximum 4 x 1 g ou 8 x 500 mg par 24 heures) et 10 à 15 mg par kilo de poids corporel chez l'enfant et ce, en 4 prises par jour, séparées d'au moins 4 heures. De plus, le traitement par paracétamol doit être le plus court possible et doit être strictement adapté à la durée des symptômes. Si la douleur ou la fièvre dure plus de 3 jours, il vaut mieux consulter un médecin.

Il est également déconseillé de prendre trop de paracétamol si vous consommez beaucoup d’alcool (plus de quatre verres par jour pour un homme, plus de 3 pour une femme) et il faut en discuter au préalable avec un médecin si vous êtes traité contre l’épilepsie, la tuberculose, le sida, en raison du risque d'interactions avec les médicaments. 

Que faire en cas de surdosage de paracétamol ?

Comme le précise le site centre antipoisons, "les premiers symptômes d'un surdosage en paracétamol sont des nausées, des vomissements, une perte d'appétit et des douleurs abdominales. Cependant, ces symptômes sont vagues et non spécifiques. En cas de suspicion de surdosage, il est important de ne pas attendre l’apparition de symptômes". 

Actuellement, les méfaits d’un surdosage de paracétamol ne peuvent être traités par un antagoniste (N-acétylcystéine) que s'il est administré à temps, c’est-à-dire dans les 18 heures, avant que les cellules du foie ne soient endommagées.

"Plus vite le surdosage peut être détecté, plus grandes sont les chances de guérison". En résumé, consultez un médecin rapidement ou appeler le centre antipoisons.

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