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Douleur

Mal de dos, lombalgie aiguë : certains médicaments décontracturants musculaires sont déremboursés en 2018

Par Dr Philippe Montereau

Le remboursement des décontracturants musculaires à base de thiocolchicoside est annulé en 2018. Le bénéfice minime qu’ils procurent ne compense pas les inconvénients. Le traitement de la lombalgie est surtout basé sur celui de la douleur et le mouvement.

AndreyPopov/epictura

Coltramyl®, Miorel®, Myoplege®, génériques… À partir du 2 janvier 2018, ces médicaments décontracturants à base de thiocolchicoside (en comprimés ou en gélules) ne seront plus remboursés, selon 2 arrêtés publiés au Journal officiel du 29 novembre 2017.
Ces arrêtés font suite à un avis en date du 20 juillet 2016 de la Commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) selon lequel : Le service médical rendu par Coltramyl® (et les autres) est insuffisant pour justifier une prise en charge par la solidarité nationale dans « le traitement d'appoint des contractures musculaires douloureuses en cas de pathologie rachidienne aiguë chez les adultes et les adolescents de plus de 16 ans ».

Un dossier scientifique mince

En effet, ces médicaments ont une autorisation de mise sur le marché (AMM) en « traitement d’appoint des contractures douloureuses dans la lombalgie aigüe ». Cette AMM a été obtenue il y a longtemps, avec un dossier scientifique assez mince, et leur efficacité sur la douleur et la contracture musculaire est au mieux modeste.
Par contre, il existe un risque d’anomalie du nombre de chromosome dans le noyau des cellules (« aneuploïdie »), une anomalie reconnue comme un facteur potentiel de risque de cancer et de tératogénicité, d’avortements spontanés et de baisse de la fertilité masculine associé à son utilisation.
Compte tenu de l’existence d’alternatives (benzodiazépines) pour lesquelles ce risque n’a pas été mis en évidence, l’intérêt clinique du thiocolchicoside est désormais insuffisant pour justifier son remboursement.

Traitement par le mouvement

Si vous souffrez régulièrement de mal de dos, ces molécules ne vous sont sans doute pas inconnues et vous pouvez vous demander pourquoi ces médicaments qui visent à protéger les muscles du dos sont retirés au moment où une campagne de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie prône le mouvement et l’activité musculaire comme principal élément du traitement d’une lombalgie aiguë. Les 2 décisions sont déconnectées car elles sont issues de 2 administrations différentes qui suivent chacune leur propre logique. D’ailleurs la CNAM ne fait pas l’apologie des décontracturants musculaires dans ce cadre non plus.
Mal de dos brutal et siégeant au bas du dos, les lombalgies aiguës, ou lumbagos, quand ils sont associées à une contracture musculaire, guérissent en quelques jours si l’on soulage activement la douleur. Le repos au lit n'est pas spécialement recommandé, car il favorise le « déconditionnement musculaire » et le risque d'évolution vers une forme chronique de la maladie.

Lombalgie aiguë commune

La douleur est apparue brutalement, à la suite d’un faux mouvement ou d’un effort de soulèvement. Elle est calmée par le repos et augmentée lors des efforts, de la toux et de la défécation. Elle ne dure que quelques jours à quelques semaines et s’accompagne généralement d’une contracture musculaire gênant les mouvements.
Dans certains cas, la contracture musculaire et la douleur sont tellement fortes que bouger devient quasiment impossible. Très souvent, il existe une raideur importante du dos qui peut se manifester par une déformation de la colonne vertébrale (déformation « en baïonnette »). C’est dans ces cas où la décontraction des muscles peut avoir un intérêt. 

Ne pas se tromper de mal de dos

Dans la très grande majorité des cas, la cause de la lombalgie aiguë est liée à un dysfonctionnement de la colonne vertébrale, essentiellement en raison d’une détérioration des disques entre les vertèbres (déchirure du disque), les articulations articulaires postérieures entre les vertèbres (arthrose) et les ligaments ou les muscles. Souvent, toutes les lésions sont intriquées. Ces lombalgies guérissent généralement en quelques jours car il s’agit de problèmes mineurs qui n'entraînent pas de handicap.
Il ne faut surtout pas la confondre avec une lombalgie qui réveille dans la deuxième partie de la nuit, qui s’accompagne d’une raideur prolongée le matin au réveil et qui s’estompe dans la journée et à l’effort. Dans ce dernier cas, il s’agit d’une lombalgie inflammatoire qui doit faire évoquer d’autres causes, et en particulier les spondylarthrites.

Réduire la douleur avant de bouger

En cas de lombalgie aiguë commune, il est important de réduire la douleur le plus tôt possible, à la fois pour soulager la personne qui en souffre, mais aussi pour préserver la musculature du dos.
Les médicaments contre la douleur sont appelés des antalgiques. Il est admis de prendre du paracétamol, une association de paracétamol avec un dérivé morphinique ou un anti-inflammatoire non stéroïdien (ou AINS) tel que ibuprofène, kétoprofène ou de l'aspirine. Il ne faut pas mélanger les anti-inflammatoires et l’aspirine. Les décontracturants jouent un rôle d’appoint minime et uniquement en cas de forte contracture musculaire.
Il est essentiel de maintenir une activité physique, même minime. L'inactivité ne permet pas une bonne cicatrisation des muscles, des tendons et des ligaments qui sont aussi atteints dans les lombalgies. La reprise d'une activité physique adaptée est donc la meilleure garantie pour une guérison rapide.

Conseils pratiques

Quelques conseils peuvent aider au soulagement de la lombalgie :
- Appliquer de la chaleur (douche chaude ou poche chauffante) sur l’ensemble de la région douloureuse pour décontracter les muscles
- Se faire masser le dos
-  Continuer les activités habituelles en les adaptant afin de garder une position droite pour le dos.
-  Veiller à ne pas forcer et à éviter les mouvements brusques.
-  Vérifier que le lit n’est pas trop bas et que le matelas est de bonne qualité.

Il est aussi intéressant de recourir à la relaxation musculaire surtout encas de stress associé. Voici quelques positions de relaxation :
-  Étendu, le dos bien plaqué au sol, les jambes fléchies reposant sur l'assise d'une chaise, mains croisées derrière la tête.
-  Allongé sur le dos, ramener les deux genoux vers la poitrine, l'un après l'autre. Tenir les deux genoux ensemble et les tirer vers la poitrine.
-  Agenouillé, assis sur les talons, dos enroulé, front contre le sol et encadré par les coudes, les avant-bras reposant au sol.
Ces positions qui permettent de reposer le dos peuvent être pratiquées quelques instants tous les jours.