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Entretien

Zika : le Dr Zouiten confirme le 1er cas de microcéphalie en Martinique

Par Anne-Laure Lebrun

ENTRETIEN. En Martinique, 77 femmes enceintes ont été infectées par le virus Zika. Parmi elles, un cas de microcéphalie vient d'être confirmé par le Dr Khalil Zouiten.

Felipe Dana/AP/SIPA. Echographie d'une femme enceinte au Brésil
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Depuis le début de l’épidémie de Zika aux Antilles et en Guyane, 130 femmes enceintes ont été infectées par ce virus transmis par le moustique Aedes. Jusqu’à cette semaine, aucun cas de microcéphalie n’avait été rapporté mais « une suspicion très sérieuse » a été signalée en Martinique par la ministre de la Santé ce mardi. Lors d’une conférence de presse, le directeur général de l’Agence Régionale de Santé de la Martinique a confirmé qu’une femme enceinte serait concernée par cette malformation congénitale, sans toutefois se prononcer de manière définitive. « La première confirmation a été établie au niveau du CHU et de ses experts et il faut maintenant que ce soit validé par le Centre National de Référence », a-t-il indiqué.
Or, ces résultats sont déjà parvenus au médecin qui a diagnostiqué ce premier cas de microcéphalie. Selon le Dr Khalil Zouiten, médecin échographiste référent en échographie fœtale et pelvienne à la clinique Saint-Paul à Fort-de-France, le 1er cas de microcéphalie dû au virus Zika en Martinique est confirmé.


Quand avez-vous découvert ce premier cas de microcéphalie ?

Dr Khalil ZouitenNous avons découvert cette microcéphalie le 9 mars lors de l'échographie de routine de cette dame à la 22e semaine d’aménorrhée réalisée par une sage-femme de mon cabinet. Dès le lendemain, j’ai réalisé une échographie de contrôle qui révèle non seulement cette malformation mais aussi des lésions intracérébrales comme une atrophie du corps calleux et des calcifications au niveau des noyaux gris centraux. Nous n’avons pas voulu divulguer ce cas tout de suite pour ne pas inquiéter la population et nous voulions être sûrs que la patiente ait été infectée par le virus du Zika.


 Sur quels éléments vous appuyez-vous pour affirmer que ce fœtus est le 1er cas de microcéphalie lié à l’infection par le virus Zika ?

Dr Khalil Zouiten : Nous avons fait toutes les démarches qu’il faut avant de faire cette annonce. Des clichés du cerveau ont été adressés à ma consœur le Dr Pascale Sonigo, radiopédiatre de l’hôpital Necker à Paris, qui a confirmé le diagnostic. Par ailleurs, la dernière échographie réalisée le 16 mars confirme les anomalies observées une semaine plus tôt. Nous avons également noté que la topographie des calcifications intracérébrales est similaire à celle décrite chez les fœtus brésiliens et polynésiens.
En parallèle, nous avons réalisé des prélèvements sanguins et urinaires afin de rechercher une infection par le virus Zika. Une amniocentèse a également été réalisée pour identifier une pathologie infectieuse et analyser le caryotype fœtal (ensemble des chromosomes de l’enfant, ndlr). Les échantillons de sang et de liquide amniotique ont été envoyés au Centre national de référence des arbovirus (CNR) à l’hôpital Laveran à Marseille. Le laboratoire d’analyse qui a effectué les prises de sang mensuelles a également adressé ses échantillons prélevés en décembre, janvier et février pour tenter d’établir la date de l’infection. Nous avons reçu les résultats du CNR ce mardi, le jour où Marisol Touraine a déclaré la présence d’un cas suspect en Martinique. Ils montrent que la patiente a été infectée par le virus Zika début janvier, elle a donc été contaminée très tôt durant sa grossesse.


Quand avez-vous informé les autorités sanitaires de vos découvertes ?

Dr Khalil Zouiten : Elles ont eu connaissance du cas de microcéphalie dès la première échographie il y a 15 jours. Mais tant que nous n’avions pas la preuve que la dame avait été infectée par le virus Zika, nous n’avons rien dit. A ce stade, seul ce cas a été signalé et confirmé. Si l’épidémie se poursuit et qu’elle suit le modèle de la Polynésie française, l’ARS prévoit que 15 à 20 enfants seront touchés. Pour le moment, nous en sommes loin. Il ne faut donc pas s’affoler.