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Avertir des dangers pour les enfants

Vaccination : comment convaincre les anti-vaccins

Par Anne-Laure Lebrun

Pour convaincre les parents opposés à la vaccination, mieux vaut les informer sur les dangers de la maladie qu'essayer de combattre de fausses croyances.

Matilde Campodonico/AP/SIPA
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Recul des ventes de vaccins, retour de maladies infectieuses qu’on pensait éradiquées… Actuellement, la vaccination fait l’objet de nombreuses polémiques. En France, la ministre de la Santé propose même un « débat national » pour rassurer les parents qui ne font plus confiance à ce geste médical. Mais comment convaincre les anti-vaccins ? Selon une étude américaine, il est efficace de rappeler aux parents que les vaccins protègent les enfants de maladies terribles, et de leur en décrire les symptômes. Leur exliquer qu’ils ont tort et que leurs peurs se basent sur de fausses preuves, par contre, serait inefficace.

Pour les besoins de leurs travaux publiés dans la revue PNAS ce mercredi, des psychologues de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) ont pris l’exemple de la rougeole. Aux Etats-Unis, les cas ont triplé entre 2013 et 2014, une résurgence liée, en partie, au mouvement anti-vaccin. A travers tout le pays, les chercheurs ont sélectionné 315 adultes ayant des enfants ou non. Parmi eux, un tiers seulement avait une bonne opinion de la vaccination et 10 % déclaraient être très sceptiques. De manière aléatoire, les chercheurs ont ensuite divisé les participants en 3 groupes. Dans chacun d’eux, les avis positifs et négatifs envers la vaccination étaient représentés de façon égale.

Alerter sur les dangers

Dans le premier groupe, les chercheurs ont demandé aux participants de lire les recommandations nationales. Ces dernières indiquent que tous les enfants devraient être vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (vaccin ROR) et expliquent que les vaccins sont des produits sûrs et efficaces. Elles démentent également la relation entre l’autisme et le vaccin ROR en mettant en avant les nombreuses études faites à ce sujet.
Comme l’avaient prédit les psychologues, les volontaires anti-vaccin n’ont pas changé d’avis. La même situation a été observée chez le groupe contrôle à qui un texte sur l’alimentation des oiseaux avait été fourni.

Cependant, dans le dernier groupe, une approche semble fonctionner. Pour celui-ci, les psychologues ont confectionné un texte expliquant les dangers de la rougeole, des oreillons et de la rubéole. Il évoque les risques de cécités, d’encéphalites, de diarrhées sévères ou encore d'infections respiratoires telles que la pneumonie. Des complications très graves pouvant entraîner la mort. Le texte précisait alors que la seule solution pour protéger efficacement l’enfant est la vaccination. Outre ces informations, le témoignage d’une mère ayant vu la vie de son bébé menacée par la rougeole et des photos ont été ajoutés. Les chercheurs ont alors observé que les personnes sceptiques ou complétement opposées à la vaccination avaient changé d’opinion.
« Il est plus efficace de mettre en avant les raisons positives de se faire vacciner et d’adopter une attitude non conflictuelle que d’essayer de parer les arguments contre les vaccins, explique Keith Holyoak, professeur de psychologie à UCLA et coordinateur de l’étude. Il y a une raison pour laquelle on se fait vacciner : la rougeole rend gravement malade. Cela a souvent été oublié dans le débat autour des effets secondaires des vaccins. »

Adopter une approche non conflictuelle

Pour les auteurs, partisans et opposants à la vaccination peuvent se retrouver autour d’un socle commun. « Les personnes qui se méfient des vaccins sont inquiètes pour la sécurité de leurs enfants, souligne Derek Powell, co-auteur principal des travaux. Ils veulent que leurs enfants soient en bonne santé. C’est aussi ce que souhaitent les médecins. Au lieu de combattre des idées fausses, il faut leur rappeler pourquoi la vaccination est la meilleure façon de le faire. » 

Les chercheurs suggèrent ainsi que les campagnes de sensibilisation, les affiches dans les salles d'attente des médecins évoluent en ce sens. Ils proposent ainsi que des vidéos décrivant les complications des ces maladies soient diffusées ou bien que les médecins adoptent une approche non conflituelle face aux parents refusant de faire vacciner leurs enfants. 

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