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Santé mentale

Maternité : les mères ayant subi des «soins irrespectueux» ont plus de risques de développer ce trouble

Un quart des femmes, interrogées dans une étude, qui ont été heurtées ou humiliées par des actes ou des paroles de soignants à la maternité, ont, par la suite, fait état de symptômes dépressifs.

Maternité : les mères ayant subi des \ Drazen Zigic/iStock




L'ESSENTIEL
  • Les "soins irrespectueux" à la maternité sont des "actes, paroles ou gestes que les femmes peuvent ressentir comme étant maltraitants, inappropriés ou non consentis, qui peuvent les heurter, les faire se sentir infantilisées, humiliées ou non écoutées."
  • Les femmes ayant subi ce psychotraumatisme lié à l’expérience lors de l’accouchement seraient 37 fois plus susceptibles de développer des symptômes dépressifs après la naissance de leur enfant.
  • "Le respect des femmes enceintes doit être vu comme un véritable levier pour agir contre la prévalence de la dépression post-partum."

Dans les semaines qui suivent l’accouchement, 10 à 20 % des mères françaises sont touchées par une dépression dite post-partum. Celle-ci apparaît après le sixième jour, selon l’Assurance Maladie. Les patientes ressentent une tristesse profonde et persistante, une perte de la capacité à ressentir le plaisir, un sentiment d’incapacité à créer un lien maternel. Elles présentent aussi des changements d’appétit ou de poids, des perturbations du sommeil, une fatigue intense, ou des difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions.

Ce trouble peut survenir en raison de facteurs psychiatriques (troubles de l’humeur, antécédents psychiatriques personnels ou familiaux, événements négatifs pendant la grossesse, deuil périnatal…), de facteurs socio-économiques (conflits conjugaux, isolement social, précarité sociale) et de facteurs obstétricaux (grossesse non désirée, primiparité, mort in utero, malformation fœtale, accouchement prématuré…). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’apparition de la dépression post-partum peut également causée par un psychotraumatisme lié à l’expérience lors de l’accouchement.

Dépression post-partum : 21,8 % ayant vécu des soins irrespectueux présente des symptômes

Afin d’en avoir le cœur net, une équipe de chercheuses de l’Inserm, de l’AP-HP, de l’Université Paris Cité, d’INRAE et de l’Université Sorbonne Paris-Nord ont voulu évaluer la prévalence des "soins irrespectueux" en maternité. Il s’agit des "actes, paroles ou gestes que les femmes peuvent ressentir comme étant maltraitants, inappropriés ou non consentis, qui peuvent les heurter, les faire se sentir infantilisées, humiliées ou non écoutées." Pour les besoins de l’étude, les auteures se sont appuyées sur l’Enquête nationale périnatale de 2021 au cours duquel 7.189 nouvelles mères ont répondu, deux mois après leur accouchement, à un questionnaire sur le retour à la maison, la santé mentale et les soins irrespectueux à la maternité.

D’après les résultats, 24,9 % des répondantes ont été victimes de paroles, de gestes ou de comportements de soignants qui les ont blessées, choquées ou mises mal à l’aise. Parmi ces dernières, une prévalence plus importante de femmes éprouvant des symptômes de dépression post-partum est observée. "Plus d’une femme sur cinq (21,8 %) ayant vécu des soins irrespectueux, présentait des symptômes de dépression du post-partum, alors qu’en population générale, cela concerne une femme sur 6 (16,6 %)." Les chercheurs indiquent que ce lien persiste indépendamment du risque préexistant de dépression du post-partum et après avoir pris en compte de nombreux facteurs.

"Humaniser les soins et prendre en considération les besoins des femmes"

"Cette étude épidémiologique est fondée sur des données observationnelles, et ne permet donc pas d’établir un lien de causalité. En revanche, il est possible de conclure que les soins irrespectueux en maternité apparaissent comme un facteur de risque de la dépression du post-partum. Ils seraient ainsi associés à une augmentation de 37 % du risque de développer des symptômes dépressifs après la naissance d’un enfant. Le respect des femmes enceintes doit être vu comme un véritable levier pour agir contre la prévalence de la dépression post-partum. Nos résultats appuient le fait qu’il faut s’atteler à humaniser les soins et à essayer de mieux prendre en considération les besoins des femmes d’un point de vue des soignants, mais aussi institutionnel", a déclaré Marianne Jacques, post-doctorante à l’Inserm, qui a dirigé les travaux.

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