- Nos gènes influencent les bactéries de notre intestin, mais aussi celles de nos proches.
- Des chercheurs ont mis en évidence une "transmission sociale" de microbes influencée par la génétique.
- Cette découverte pourrait redéfinir le lien entre gènes, microbes et santé.
Nos gènes ne se contentent pas de façonner notre propre corps : d’après une étude publiée dans la revue Nature Communications, ils pourraient également façonner, indirectement, le microbiote intestinal de celles et ceux qui partagent notre espace de vie.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs du Centre de régulation génomique de Barcelone (Espagne) et de l'Université de Californie à San Diego (Etats-Unis) ont étudié plus de 4.000 rats. Ils ont découvert que la composition du microbiote intestinal de chaque animal était influencée à la fois par ses propres gènes et par ceux des rats avec lesquels il cohabitait.
Un effet génétique contagieux ?
"Ce n'est pas de la magie, mais le résultat d'influences génétiques qui se propagent par contact social", explique la Dre Amelie Baud, autrice principale de la recherche, dans un communiqué. En clair, les microbes circulent entre individus, et certains gènes favorisent la présence de microbes particuliers, qui peuvent ensuite "se transmettre socialement".
Les chercheurs ont identifié trois régions génétiques influençant des bactéries intestinales spécifiques. Le gène St6galnac1, lié à la présence de la bactérie Paraprevotella, semble jouer un rôle crucial. Il modifie le mucus intestinal, nourrissant ce microbe. Deux autres zones, impliquant des gènes du mucus et un gène antibactérien (Pip), étaient associées à d'autres familles de bactéries.
Mais là où l'étude est novatrice, c'est en montrant que certains effets génétiques ne s'arrêtent pas à l'individu : ils se diffusent dans le groupe par l'échange de microbes. Une fois ces effets indirects intégrés dans leurs modèles de statistiques, les chercheurs ont constaté que l'influence génétique globale était multipliée par 4 à 8.
Quelles conséquences pour les humains ?
Si ces mécanismes existent aussi chez l'humain, nos gènes pourraient donc influencer non seulement notre propre santé, mais aussi celle de notre entourage. Par exemple, le gène humain ST6GAL1, proche de celui des rats, a déjà été lié à des infections par le SARS-CoV-2 et à une maladie auto-immune rare des reins, la néphropathie à IgA. Dans les deux cas, Paraprevotella pourrait jouer un rôle clé, selon l’étude. "Je suis obsédée par cette bactérie maintenant", confie Dre Baud.


