- La psilocybine montre des effets prometteurs pour soulager les TOC résistants aux traitements.
- Le cannabis, en revanche, produit des résultats très variables.
- Des essais cliniques plus solides sont indispensables pour valider ces pistes.
Les champignons hallucinogènes pourraient-ils devenir un espoir pour les personnes atteintes de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) résistants aux traitements classiques ? C’est ce que suggère une équipe de l’Université McMaster, au Canada, dans une revue de la littérature scientifique parue dans le Journal of Psychiatric Research.
Les TOC se caractérisent par des pensées intrusives persistantes (obsessions) et des comportements répétitifs (compulsions), parfois très invalidants. Dans environ 40 à 60 % des cas, les patients ne répondent pas aux traitements de première intention : antidépresseurs ISRS et thérapies comportementales. D'où l'intérêt croissant pour d'autres pistes, notamment les psychédéliques comme la psilocybine.
Psilocybine : des effets sur les TOC durant plus de trois mois
La psilocybine, molécule active des "champignons magiques", est la seule substance ayant montré un signal positif régulier dans les symptômes du TOC. Dans une étude internationale rétrospective, 174 patients souffrant de TOC ont rapporté une amélioration significative après usage de psychédéliques classiques (psilocybine ou LSD), dont un tiers décrivant des effets durant plus de trois mois. L’efficacité serait, semble-t-il, liée à l’intensité et au vécu positif de l’expérience psychédélique.
Un cas clinique cite un homme de 33 ans, atteint de TOC réfractaire, ayant vu son score YBOCS (Yale-Brown Obsessive Compulsive Scale) chuter de 23 à 0, et ce, douze semaines après une dose unique de psilocybine. Il affirmait se sentir "libéré de ses TOC" un an plus tard, selon un communiqué. D'autres essais préliminaires évoquent une réduction des symptômes allant jusqu'à 100 % pour certains participants.
Cannabis : des résultats plus mitigés
Qu’en est-il du cannabis thérapeutique, parfois utilisé pour soulager l’anxiété ou les pensées intrusives ? Pour le THC, la molécule psychoactive du cannabis, les données sont contrastées. Une application de suivi a relevé une baisse de l’anxiété et des comportements compulsifs dans la majorité des 1.810 sessions de consommation. Mais une étude italienne montre qu’une partie des usagers rapportent une aggravation des symptômes, souvent liée à une anxiété accrue.
Bien qu’enthousiastes, les auteurs restent prudents : "Les données actuelles sont limitées et reposent sur des études à petite échelle ou des cas isolés." Seules des études cliniques randomisées, avec des effectifs plus larges et un suivi à long terme, permettront de confirmer la pertinence de la psilocybine dans le traitement des TOC.



