Depuis des années, les recommandations nutritionnelles répètent qu’en réduisant l’exposition au goût sucré, on finit par en aimer moins le goût. Cette logique simple et séduisante a façonné de nombreux messages de prévention. Elle repose sur l’idée qu’un palais moins habitué au sucré en redemande moins, ce qui conduirait à consommer moins d’énergie et à limiter le risque d’obésité. Pourtant, une nouvelle étude remet cette idée en cause !
Comment les chercheurs ont voulu tester cette idée
Des chercheurs ont suivi trois groupes de participants pendant six mois. Le premier groupe mangeait très peu d’aliments sucrés, le second conservait une consommation habituelle et le troisième avait une alimentation riche en goûts sucrés. Les scientifiques ont mesuré la quantité de sucre et d’édulcorants réellement consommée, les marqueurs urinaires, la préférence gustative, le choix d’aliments sucrés, l’apport énergétique, le poids et plusieurs indicateurs de risque métabolique et cardiovasculaire. L’objectif était clair. Ils cherchaient à savoir si modifier l’exposition au goût sucré pouvait réellement reprogrammer le goût.
Ce que l’étude a vraiment montré
Au terme des six mois, les résultats ont surpris les chercheurs eux-mêmes. Les participants ayant consommé beaucoup de sucré n’aimaient pas davantage le goût sucré et ceux qui en avaient consommé peu ne l’aimaient pas moins. Les préférences pour le sucré n’ont montré aucune différence entre les groupes. La perception de l’intensité du sucré n’a pas changé non plus. Les choix alimentaires sont restés similaires. L’apport énergétique total n’a pas varié. Le poids n’a pas été modifié. Les marqueurs du diabète et des maladies cardiovasculaires n’ont pas évolué différemment d’un groupe à l’autre. Une fois l’étude terminée, les participants sont revenus naturellement à leur niveau habituel de consommation d’aliments sucrés, comme si leurs habitudes de goût sucré étaient guidées par quelque chose de plus profond que la simple exposition.
Ces résultats changent la façon d’aborder le sucre
Une partie des politiques de santé publique repose sur la conviction que le goût sucré entretient une forme d’attirance qui peut être atténuée en limitant l’exposition. Or, cette étude dit l’inverse. Elle montre que le goût sucré ne disparaît pas en s’éloignant du sucre, pas plus qu’il n’augmente en en consommant davantage. Elle révèle que la préférence pour le sucré semble étonnamment stable. Cela ne signifie pas que la consommation de sucre n’a aucun impact sur la santé. La densité énergétique, la qualité nutritionnelle et les comportements alimentaires restent des enjeux majeurs. Mais l’idée que la réduction de l’exposition au sucré suffise à réduire les préférences gustatives n’est pas soutenue par les données observées.
Des préférences gustatives qui ne se modifient pas si facilement
Cette étude a réussi à démontrer un aspect important de notre relation au goût. Les préférences gustatives paraissent profondément ancrées. Elles semblent résister aux changements imposés, aux habitudes modifiées et même aux interventions prolongées. Elles révèlent une part stable de notre identité sensorielle. Nos goûts ne se modifient pas comme un interrupteur que l’on actionne à volonté. Ils semblent suivre une logique interne, une forme de constance qui dépasse les tentatives de rééducation rapide.
Ces résultats invitent à repenser notre manière de réfléchir : faut-il continuer de cibler le goût sucré en tant que tel ou serait-il plus pertinent de se concentrer sur l’apport énergétique global, la qualité nutritionnelle et les mécanismes comportementaux qui influencent réellement la santé ? En contestant une croyance bien installée, cette étude propose une évolution. Elle ne rejette pas les recommandations existantes mais les nuance et les affine. Elle suggère que la lutte contre les excès sucrés doit peut-être se jouer ailleurs que dans l’idée de reprogrammer nos papilles.


