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Violences faites aux femmes et aux enfants : des préjudices pour la santé graves et sous-estimés

Les violences sexuelles contre les enfants et les violences conjugales à l'égard des femmes impactent fortement leur santé, mais restent pourtant très sous-estimés, alerte une étude de The Lancet.

Violences faites aux femmes et aux enfants : des préjudices pour la santé graves et sous-estimés Favor_of_God/istock




L'ESSENTIEL
  • Chez les femmes, la violence conjugale et la violence sexuelle pendant l'enfance sont respectivement quatrième et cinquième facteurs de risque de mort prématurée et d'invalidité.
  • Les violences sexuelles subies pendant l'enfance sont liées à 14 problèmes de santé, y compris le suicide, l'addiction et le diabète.
  • La violence conjugale est responsable de plus de 20 % de la perte de santé des victimes.

La parole des victimes de violences sexuelles ou conjugales se libère. Mais, l’impact des sévices subis reste très sous-estimé. Une étude, publiée le 9 décembre 2025 dans la revue The Lancet, détaille les conséquences sur la santé des femmes et des enfants victimes de violence. Les violences conjugales et les violence sexuelles à l’encontre des enfants sont d’ailleurs parmi les principaux facteurs de risque de mortalité.

Violences faites aux femmes et aux enfants : "une épidémie cachée à la vue de tous"

Afin de pouvoir établir un tableau précis des conséquences des violences subies par les femmes et les enfants, les chercheurs de l'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de la faculté de médecine de l'université de Washington ont repris l’ensemble des données sur le sujet provenant de 204 pays.

En 2023, il a été estimé que plus d'un milliard de personnes âgées de 15 ans et plus avaient subi des agressions sexuelles durant leur enfance. De plus, 608 millions de filles et de femmes avaient été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire. Les chercheurs ont calculé que ces expériences avaient entraîné plus de 50 millions d'années de vie corrigées de l'incapacité (AVCI : somme des années de vie perdues à la suite du décès et des années vécues avec une incapacité). Dans le détail, 32,2 millions d’AVCI étaient liées aux agressions sexuelles survenues pendant l’enfance et 18,5 millions étaient dues aux violences conjugales.

"Chez les femmes âgées de 15 à 49 ans, les violences conjugales et les agressions sexuelles pendant l'enfance se classent respectivement au quatrième et au cinquième rang des principaux facteurs de risque de mortalité liée à la santé à l'échelle mondiale, devançant de nombreux facteurs de risque bien connus tels que l'hyperglycémie à jeun ou l'hypertension artérielle, et se rapprochant de la carence en fer (deuxième position), un enjeu majeur des interventions en santé féminine depuis longtemps", écrivent les auteurs dans leur communiqué.

Pour les hommes, les violences sexuelles pendant l’enfance étaient classées 11e facteur de risque de mortalité précoce. Dans les pays à revenu élevé, il était également le 4e facteur de risque pour la santé, soit un niveau comparable au tabagisme.

"Ces résultats sont sans appel : la violence n’est pas simplement un problème social ayant des répercussions occasionnelles sur la santé, mais une cause majeure de décès et d’invalidité qui exige une action globale de santé publique", remarque la professeure Emmanuela Gakidou et co-auteure de l’étude.

Les violences sexuelles sur les enfants accroissent les risques de 14 troubles

Les scientifiques ont également mis en évidence que les violences sexuelles et conjugales augmentaient les risques de plusieurs maladies. Les enfants victimes d’attouchement ou de viol étaient plus susceptibles de développer 14 affections en grandissant :

  • fausse-couche et avortement ;
  • alcoolisme ;
  • trouble anxieux ;
  • asthme ;
  • trouble bipolaire ;
  • boulimie ;
  • trouble du comportement ;
  • dépendance à la drogue ;
  • VIH/sida ;
  • IST ;
  • trouble dépressif majeur ;
  • schizophrénie ;
  • automutilation ;
  • diabète de type 2.

Les violences conjugales augmentaient les risques de fausse-couche/avortement, de troubles anxieux, d'addiction, de VIH/sida, d'hémorragie maternelle, de violences interpersonnelles (homicide et blessures) et d’automutilation. "En élargissant le champ des conséquences néfastes reconnues sur la santé liées aux violences sexuelles et physiques, nous approfondissons notre compréhension d’une crise qui est restée longtemps dans l’ombre, la Dr Luisa Sorio Flor, auteure principale. Le fardeau est colossal et a été systématiquement négligé dans les priorités de santé mondiale."

Violence conjugale : plus de 20 % de perte de santé chez les femmes

Les violences sexuelles dans l’enfance ont été associées à 290.000 décès dans le monde. Les causes les plus fréquentes étaient le suicide, le VIH/SIDA et le diabète de type 2. "Parmi les 14 conséquences négatives des violences sexuelles dans l’enfance sur la santé, les troubles mentaux – en particulier l’anxiété chez les femmes et la schizophrénie chez les hommes – ont le plus contribué à la perte d’années de vie en bonne santé, de même que l’automutilation, notamment en Asie du Sud", ajoutent les auteurs.

Les violences conjugales ont été responsables de plus de 20 % de pertes d’années de vie en bonne santé dues à l'anxiété et aux automutilations. Elles sont aussi liées à 145 000 décès, principalement par homicide, suicide et VIH/sida.

Des préjudices plus néfastes qu'on ne le pensait

Face à l’ensemble de ces données, la Dr Flor souligne : "Compte tenu du large éventail de problèmes de santé associés aux violences sexuelles et conjugales, les survivants continueront d’avoir besoin de soins immédiats et à long terme de la part des systèmes de santé du monde entier", a expliqué le Dr Flor. "La prévention de la violence ne suffit pas : nous devons également identifier, protéger, réhabiliter et soutenir les survivants. Le secteur de la santé est essentiel à ces efforts."

"Les preuves sont sans équivoque : ces préjudices sont bien plus répandus et bien plus néfastes pour la santé qu’on ne le pensait, et ils exigent une action immédiate de la part des dirigeants. Cette analyse révèle précisément où les besoins sont les plus criants. Il est essentiel d’agir en conséquence pour briser le cycle des traumatismes qui se perpétuent de génération en génération", ajoute la Dre Anita Zaidi, présidente du département Égalité des genres de la Fondation Gates, organisation qui a financé les travaux.

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